Les féminicides, une autre épidémie destructrice en Bolivie, cachée par le Covid-19 (Julie Ducos / Espaces Latinos)

Le 1er février 2021, un nouveau féminicide s’est ajouté aux onze cas déjà enregistrés au mois de janvier 2021 en Bolivie, de quoi évoquer une « épidémie », présente dans le pays depuis plusieurs années, moins rapide et alarmante que celle du coronavirus mais tout aussi dévastatrice.

Photo Facebook de Ni Una Menos Bolivia

Ce sont onze cas de féminicides qui ont été relevés au mois de janvier 2021. À ce rythme, la Bolivie pourrait en présenter plus d’une centaine d’ici la fin de l’année 2021, un chiffre déjà enregistré pour l’année 2020. Ils s’expliquent certes par une époque de restrictions où le confinement et les couvre-feux obligent des femmes à vivre un quotidien difficile avec des maris violents qu’elles parvenaient auparavant à éviter, mais aussi par des mesures mises en place dans les années 2010 qui permettent de mieux identifier les cas de féminicides dans le pays.

La Bolivie pourrait, grâce à ces mesures, paraître avancée en matière de protection et de respect des femmes en comparaison avec les autres pays de la région. En effet, de même que le Mexique, elle applique la parité de genre pour les candidatures au Congrès, pour les assemblées législatives régionales et pour les mairies. Dans ces deux pays, les femmes occupent quasiment la moitié des sièges dans les chambres législatives ; elles sont donc mieux représentées dans les institutions politiques que dans les autres pays de la région. En outre, la Bolivie fait partie, depuis 2010, des pays d’Amérique latine ayant inscrit le féminicide dans leur code pénal.

Mais bien que les femmes soient représentées en politique, les autorités électorales et les organisations de la société civile bolivienne ont reçu des centaines de rapports dénonçant le harcèlement subi par des candidates et des conseillères municipales. Gifles, kidnappings sont autant d’abus pratiqués sur les femmes pour les obliger à renoncer à leurs postes. En 2012, la conseillère municipale Juana Quispe est assassinée après avoir subi une série d’agressions. La Bolivie n’a jamais jugé les responsables.

Alors que les choses ont avancé ces dernières années, voire ces derniers mois dans le reste des pays d’Amérique latine, la Bolivie semble depuis quelques temps en panne d’idées ou en perte de vitesse pour la protection des femmes. Par exemple, un état d’urgence a été déclaré à Puerto Rico au mois de janvier 2021 à cause du nombre effrayant de féminicides sur l’île. On pourrait aussi citer le Chili qui a mis en place une constitution paritaire, une entreprise ambitieuse en matière de protection et même de mise en avant des droits des femmes. Car lorsque l’on aborde le cas des féminicides, il est important de noter que le problème est plus large que celui des femmes tuées : c’est celui des droits des femmes. Les femmes se battent depuis des années en Amérique latine dans l’espoir d’un jour être les égales des hommes, de voir leurs droits être respectés et de s’y sentir en sécurité.

Rendre visible le fléau que représente les violences machistes

Ce sont 787 cas de féminicides qui ont été enregistrés en Bolivie depuis l’adoption de la loi anti-violence. En 2013 est en effet promulguée la loi 348 pour garantir aux femmes une vie libre et sans violence. Approuvée sous le gouvernement d’Evo Morales, elle avait comme objectif de diminuer la violence contre les femmes dans le pays, exercée dans la plupart des cas par leur mari ou leur conjoint. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici