🇭🇹 Haïti au bord du chaos. Le premier ministre démissionne (revue de presse)


La crise haïtienne s’aggrave continuellement, depuis une violente offensive coordonnée des gangs armés à Port-au-Prince le jeudi 29 février 2024. Alors qu’Haïti s’enfonce dans le chaos à cause des bandes criminelles qui contrôlent entre 80% et 90% de la capitale, le premier ministre de facto Ariel Henry, bloqué depuis le mardi 5 mars 2024 à Porto Rico, a finalement démissionné, cédant à la pression des partenaires régionaux du pays. En effet, le lundi 11 mars 2024, la Communauté des Caraïbes (Caricom) a convoqué une réunion d’urgence avec des représentants des États-Unis, de France, du Canada et de l’Organisation des Nations unies pour y discuter de la transition en Haïti et favoriser la restauration des institutions démocratiques. Peut-être l’espoir d’un apaisement pour le pays. Revue de presse d’une semaine sous tension.

Des habitants de Port-au-Prince fuient les violences, le 9 mars 2024. RALPH TEDY EROL / REUTERS

Voir également la tribune de Frédéric Thomas (Le Monde) : Haïti : « Ce ne sont pas deux franges de la population qui s’affrontent, mais des bandes armées qui utilisent la terreur pour asseoir leur pouvoir »


Démission d’Ariel Henry: la transition politique plonge Haïti dans une période d’incertitude (RFI / 13 mars)

Le Premier ministre haïtien, au pouvoir depuis trente mois, a fini par céder face à la pression des gangs et de la communauté internationale. Il a confirmé sa démission lundi soir, après les annonces de la Caricom, réunie en Jamaïque. Elle interviendra donc après la nomination d’un conseil présidentiel de transition, après plusieurs jours de violence des gangs dans le pays, mais aussi de pressions internationales, et notamment américaines.

Ariel Henry (Photo : Presidencia de la República de Costa Rica CC)

En début de semaine dernière, le département d’État américain souhaitait officiellement le retour d’Ariel Henry à Port-au-Prince. Mercredi encore, il démentait des informations de presse selon lesquelles il poussait Ariel Henry à la démission. Mais la situation sur le terrain avec les violences de gangs demandant le départ du Premier ministre, ainsi que les appels des gouvernements de la région ont fini par convaincre l’administration Biden. Dès jeudi, les États-Unis, sans appeler formellement au départ d’un Premier ministre qu’ils ont longtemps soutenu, l’encourageaient fortement et publiquement, par la voix de leur ambassadrice aux Nations unies, à s’engager vers une transition rapide, mettant de fait un terme à leur soutien. En accueillant Ariel Henry à Porto-Rico, un territoire américain alors qu’il ne pouvait rentrer à Port-au-Prince, et en offrant à Ariel Henry de rester, la diplomatie américaine clarifie encore un peu plus son message.

La dernière étape se déroulait ce lundi avec la participation à Kingston, en Jamaïque, du secrétaire d’État, Antony Blinken, à la réunion de la Caricom, pour préparer l’après. En officialisant leur soutien au plan de transition et en renforçant leur soutien financier à la future force multinationale censée aider à la stabilisation de la situation sécuritaire après le départ d’Ariel Henry, les États-Unis officialisent leur passage à une suite très incertaine. 

Sous la houlette de l’organisation, les acteurs politiques et de la société civile haïtienne se sont entendus pour la mise en place d’un conseil présidentiel chargé de la transition. « Loin d’être idéale, c’est une démarche qui a le mérite d’être inclusive », résume une source haïtienne, prudente quant à son potentiel succès. Le pire ou le meilleur pourrait advenir, estime de son côté une partie de la presse du pays. La volonté d’inclure un maximum d’acteurs aux intérêts et objectifs divergents dans ce conseil présidentiel pourraient en effet compliquer l’équation. Et révéler, si ce n’est la fragilité de l’accord conclu, l’intensité des rapports de force

« Les partis politiques en Haïti sont peu structurés, ils sont peu représentatifs. Ce sont souvent des coquilles vides autour d’une personne sans véritable programme politique. Et donc c’est cette dispersion, cette fragmentation des partis politiques ne facilite pas non plus la construction d’un consensus national », explique Frédéric Thomas, chercheur au Centre tricontinental, basé en Belgique.

Les plus pessimistes diront donc que les luttes de pouvoirs internes pourraient encore retarder la nomination d’un Premier ministre, puis d’un gouvernement de transition, et donc l’organisation d’élections maintes fois promises, le tout sous le regard des gangs qui contrôlent aujourd’hui plus de 80% de l’ère métropolitaine de Port-au-Prince. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Haïti : démission du premier ministre Ariel Henry après une semaine d’État d’urgence et une vague de violences des gangs (Luis Reygada / L’Humanité / 12 mars)

Le premier ministre haïtien Ariel Henry a démissionné lundi 11 mars. L’île est en proie au chaos et à la violence des gangs depuis plus d’une semaine, mais elle subit aussi une situation catastrophique depuis de nombreuses années.

La démission du chef du gouvernement « non élu » d’Haïti survient alors qu’il était dans l’illégalité depuis le 7 février, date à laquelle il aurait dû rendre le pouvoir. ©️ AFP/Valerie Baeriswyl

Le premier ministre haïtien, Ariel Henry, était dans l’illégalité depuis le 7 février, date officielle de la fin de son mandat. Depuis, les gangs armés de l’île et une partie de la population demandaient sa démission, plongeant le pays dans une situation chaotique. Ariel Henry a finalement démissionné le lundi 11 mars, selon la Communauté des Caraïbes (Caricom) et un responsable américain.

« Nous prenons acte de la démission du premier ministre Ariel Henry », a déclaré Mohamed Irfaan Ali, président du Guyana et de la Caricom, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion en Jamaïque consacrée à la crise en Haïti. Mohamed Irfaan Ali s’est dit « heureux » d’annoncer « un accord de gouvernance transitoire ouvrant la voie à une transition pacifique du pouvoir, à la continuité de la gouvernance, à un plan d’action à court terme en matière de sécurité et à des élections libres et équitables », rapporte l’Agence France-Presse (AFP).

À écouter le président du Guyana et de la Caricom, la démission d’Ariel Henry permettrait un retour au calme. Hôpitaux attaqués, sites gouvernementaux directement visés, infrastructures bloquées, administrations et écoles fermées : la capitale haïtienne Port-au-Prince fait face depuis plusieurs jours à une situation humanitaire de plus en plus précaire dans un contexte d’intensification des affrontements qui opposent police et gangs armés. Dimanche 10 mars, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti estimait que 80 % de la capitale haïtienne était désormais aux mains des groupes armés, coupables de violences, d’assassinats et d’enlèvements quotidiens. Le bureau onusien pour les affaires humanitaires (OCHA) alertait jeudi 7 mars sur la possibilité très prochaine d’un « effondrement » du système de santé.

Les pays des Caraïbes s’étaient réunis d’urgence lundi en Jamaïque, à l’initiative de la Caricom, avec des représentants de l’ONU et de plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, pour tenter d’avancer sur une solution en Haïti. D’après plusieurs diplomates, la réunion de Kingston avait notamment pour but de formaliser une proposition à Ariel Henry, afin qu’il cède le pouvoir à un conseil de transition comprenant un vaste panel de la société civile haïtienne. Car Port-au-Prince a continué ce week-end à s’enfoncer dans les violences liées aux gangs qui réclamaient la démission d’Ariel Henry, tout comme une partie de la population. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Haïti : le Premier ministre Ariel Henry accepte de démissionner (France 24 / 12 mars)

Le président de la Communauté des Caraïbes a annoncé lundi, à l’issue d’une journée de réunion consacrée à la crise politique en Haïti, que le Premier ministre Ariel Henry avait accepté de quitter ses fonctions. Il a également fait part d’un “accord de gouvernance transitoire ouvrant la voie à une transition pacifique du pouvoir”.

Reportage de France 24

Une réunion de crise organisée en Jamaïque après l’évacuation de diplomates d’Haïti (France 24 / 11 mars)

La crise sécuritaire qui secoue Haïti depuis plus d’une semaine fait l’objet d’une réunion d’urgence en Jamaïque lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU appelant, de son côté, tous les acteurs politiques haïtiens à des “négociations sérieuses”. Les États-Unis ont annoncé, dimanche, avoir évacué une partie du personnel de leur ambassade, suivis par l’Allemagne, dont l’ambassadeur a quitté le pays en compagnie de membres de la délégation de l’Union européenne.

Reportage de France 24

Haïti : sous la férule des gangs, Port-au-Prince au bord du chaos (Luis Reygada / L’Humanité / 10 mars)

L’intensification des affrontements opposant police et gangs armés plonge la capitale du pays le plus pauvre du continent dans un contexte de violence qui précarise à l’extrême la situation humanitaire.

Le tribunal de Port-au-Prince incendié par des gangs, le 6 mars 2024. © Clarens SIFFROY / AFP

Hôpitaux attaqués, sites gouvernementaux directement visés, infrastructures bloquées, administrations et écoles fermées : la capitale haïtienne Port-au-Prince a fait face ces dernières heures à une situation humanitaire de plus en plus précaire dans un contexte d’intensification des affrontements qui opposent police et gangs armés.

Vendredi soir, un groupe armé s’est attaqué aux portes du palais national et a tenté de mettre le feu au siège du ministère de l’Intérieur, avant que des policiers ne parviennent à contenir l’assaut. Les gangs contrôlent ce dimanche la majeure partie de la capitale ainsi que les routes menant au reste du territoire, après avoir visé depuis plusieurs jours divers sites stratégiques (commissariats, prisons ou encore tribunaux) et provoqué la suspension des activités de l’aéroport de la capitale, tout comme de son port.

L’objectif : empêcher le retour au pays du Premier ministre Ariel Henry, toujours bloqué à Porto Rico après être parti négocier un accord au Kenya pour que ce pays déploie la mission sécuritaire multinationale accordée en octobre 2023 par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Mardi dernier, l’influent chef de gang Jimmy Chérizier – alias « Barbecue » – avait assuré que la non-démission d’Ariel Henry entraînerait « une guerre civile qui conduira à un génocide ». Alors qu’il était censé abandonner le pouvoir, le Premier ministre assurait le 8 février qu’un processus électoral serait lancé « dès que le problème de l’insécurité commencera à être résolu ».

Alors que Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti estime que 80 % de la capitale haïtienne serait désormais aux mains des groupes armés, qui perpètrent des violences, assassinats et enlèvements quotidiens, le bureau onusien pour les affaires humanitaires (OCHA) alertait jeudi dernier sur la possibilité très prochaine d’un « effondrement » du système de santé.

« De nombreux établissements de santé sont fermés ou ont dû réduire drastiquement leurs opérations en raison d’une pénurie inquiétante de médicaments et de l’absence du personnel médical », a précisé l’OCHA, évoquant également des pénuries de sang, d’équipements médicaux ou de lits pour traiter les blessés par balles. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Haïti : Port-au-Prince en «état de siège», des diplomates américains et européens quittent le pays (Libération avec AFP / 10 mars)

La situation vire au chaos dans la capitale haïtienne, en proie à de violentes attaques de gangs armés qui souhaitent faire chuter le gouvernement. L’UE annonce avoir évacué tout son personnel ce lundi 11 mars.

Plusieurs véhicules incendiés à Port-au-Prince samedi 9 mars 2024. (Clarens Siffroy /AFP)

Infrastructures bloquées, hôpitaux attaqués, arrivée de nourriture menacée : la situation se dégrade depuis ce week-end dans la capitale haïtienne Port-au-Prince, prise dans de violents affrontements entre police et bandes armées. «Les habitants de la capitale vivent enfermés, ils n’ont nulle part où aller», a alerté samedi Philippe Branchat, le chef pour Haïti de l’Organisation internationale pour les migrations (IOM), rattachée à l’ONU, décrivant «une ville en état de siège»«Les gens qui fuient ne parviennent pas à contacter les membres de leur famille et amis qui sont dans le reste du pays pour pouvoir trouver refuge. La capitale est encerclée de groupes armés et de dangers», a-t-il ajouté. L’accès aux soins est fortement compromis, avec «des hôpitaux qui ont été attaqués par des gangs et qui ont dû évacuer personnel médical et patients, y compris des nouveau-nés», selon l’IOM.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit se rendre ce lundi en Jamaïque pour une réunion d’urgence de la Communauté des Caraïbes (Caricom) sur la crise. Il va discuter des efforts visant notamment à «mettre en place rapidement une transition politique en Haïti via la création d’un collège présidentiel indépendant», a déclaré le porte-parole Matthew Miller. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Violences en Haïti: «nous vivons avec un sentiment de solitude existentielle» (Entretien avec Jean-Marie Théodat / RFI / 9 mars)

Alors que les gangs armés qui gangrènent Haïti contrôlent l’aéroport de Port-au-Prince, l’état d’urgence a été prolongé cette semaine d’un mois dans l’ouest du pays. Est-ce une solution efficace ? Entretien avec Jean-Marie Théodat, directeur de l’Institut de géographie de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Des piétons passent devant une voiture de police blindée à Port-au-Prince, en Haïti, le jeudi 7 mars 2024, alors que les attaques des gangs ont paralysé le pays. © AP – Odelyn Joseph

Témoignage à écouter ci-dessous ou ici


Pour rappel, voir notre revue de presse du 7 mars : Crise en Haïti : menace de guerre civile (revue de presse)