Vague d’indignation au Brésil après le meurtre d’un homme noir dans un Carrefour (Julien Lecot – Libération / France 24)
La mort d’un homme noir battu par des agents de sécurité blancs dans un supermarché du groupe Carrefour à Porto Alegre (sud), ce jeudi 19 novembre dans la soirée, a déclenché une vague d’indignation au Brésil, en pleine Journée de la conscience noire célébrée vendredi dans le pays.
Roué de coups par des agents de sécurité, João Alberto Silveira Freitas est décédé ce jeudi. L’enseigne française se retrouve sous le feu des critiques.
Au Brésil, le 20 novembre, c’est le Jour de la conscience noire. Coïncidence macabre, c’est pour le meurtre d’un homme noir que les brésiliens s’indignent ce vendredi 20 novembre. Sous le #VidasPretasImportam (les vies noires comptent) ils relaient massivement des vidéos amateures montrant João Alberto Silveira Freitas frappé à répétition au visage par un agent de sécurité de l’enseigne Carrefour, pendant qu’un second le retenait. Sur une autre vidéo, filmée quelques instants plus tard, on voit l’homme de 40 ans allongé par terre et pris en charge par des secours effectuant un massage cardiaque. Sans succès.
Selon la télévision G1, se basant sur les témoignages des forces de l’ordre, la victime aurait été «conduite en dehors du supermarché» par deux agents de sécurité – qui ont depuis été interpellés – après une altercation avec une employée. Sous le feu des critiques, le groupe Carrefour a rapidement réagi, assurant qu’il allait prendre des «mesures adaptées» contre les personnes «impliquées dans cet acte criminel». L’enseigne explique avoir rompu le contrat qui la liait avec le prestataire chargé d’assurer la sécurité dans le supermarché. Et indique que l’employé en charge du magasin au moment des faits sera renvoyé.
Un racisme systémique
Ces déclarations n’ont pas suffit à faire taire les critiques. Ce vendredi, nombre d’artistes, activistes et personnalités politiques ont appelé à des rassemblements dans tout le pays. Il n’est pas possible de se taire face au racisme qui tue chaque jour des milliers de noirs», s’est indignée la communiste Manuela d’Avila, candidate aux élections municipales à Porto Alegre, appelant Carrefour à «rendre des comptes». «Nous nous sommes réveillés bouleversés par une agression brutale, a pour sa part réagi l’ancien président Lula. Le racisme est à l’origine de tous les gouffres de ce pays». Car la mort de João Alberto Silveira Freitas rappelle tristement qu’au Brésil, les trois quart des victimes d’homicides sont noires ou métisses. Ils ne représentent pourtant que 56% de la population, d’après les dernières données publiées par le Forum brésilien de sécurité publique. (…)
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