🇵🇦 Panamá: des manifestations bloquent le pays pour dénoncer la prolongation d’un contrat minier (revue de presse)


Depuis le 20 octobre, le Panamá est partiellement bloqué par des barrages qui empêchent ou perturbent la circulation dans la capitale et en province. Les manifestants sont mobilisés pour dénoncer un contrat minier signé par le gouvernement avec la société minière canadienne First Quantum, contrat qu’ils considèrent comme dangereux pour l’environnement et violant l’intégrité nationale. Pour calmer la rue, le président a annoncé le vendredi 27 octobre l’interdiction de nouvelles concessions minières de métaux, tout en maintenant l’accord avec l’entreprise canadienne. Pas suffisant pour apaiser les esprits.

Depuis plusieurs jours, des barrages de manifestants bloquent en alternance les principaux carrefours ou routes dans tout le pays pour protester contre une loi sur l’exploitation d’une mine. AP – Arnulfo Franco

Au contraire, la protestation prend de l’ampleur : blocages routiers dans la capitale et dans d’autres villes et surtout sur l’autoroute panaméricaine qui relie le pays au reste de l’Amérique centrale, affrontements qui éclatent entre des manifestants et policiers. Trop pour le président qui a décidé dimanche l’organisation le 17 décembre 2023 d’un référendum qui déterminera si le contrat sera rompu ou non. Le 7 novembre, deux décès par arme à feu ont été enregistrés dans le cadre des protestations.


Mise à jour le 29 novembre : Le président du Panamá promet de fermer la plus grande mine de cuivre d’Amérique centrale. La Cour suprême a déclaré inconstitutionnel son contrat avec une société minière canadienne. L’annonce a été suivie de célébrations dans tout le pays, après un mois de manifestations et blocages routiers.
Voir : Panamá : les défenseurs de l’environnement célèbrent la fin annoncée d’une gigantesque mine de cuivre (France Culture)


Au Panamá  active manifestation contre l’élargissement de la plus grande mine à ciel ouvert d’Amérique centrale… (Julie Decos / Espaces latinos)

Le 20 octobre dernier, le gouvernement panaméen a signé un accord prolongeant l’activité de la plus grande mine à ciel ouvert d’Amérique centrale. En réponse, des dizaines de milliers de personnes protestent depuis deux semaines dans tout le pays pour obliger les autorités à annuler cette annonce aux perspectives sombres pour l’or vert panaméen.

Photo : Caretas

Une partie de l’activité du Panamá est ralentie depuis deux semaines due à des manifestations d’une grande ampleur contre la mine Cobre Panamá : l’exploitation du gisement de cuivre va y être étendue dans le temps et l’espace, alors qu’il s’agit déjà de la plus grande mine à ciel ouvert d’Amérique centrale. Des axes de transport sont bloqués, notamment l’autoroute panaméricaine qui relie le pays au reste de la région. Les commerces, les écoles et les administrations sont fermés régulièrement.

Les manifestants revendiquent l’arrêt d’un ravage écologique qui dure déjà depuis déjà plusieurs années et qui serait prolongé pour vingt, voire pour quarante ans supplémentaires. En effet le gouvernement a signé la loi qui rend effectif l’accord le 20 octobre 2023, avec Minera Panamá, la filiale de la société d’exploitation canadienne First Quantum Minerals. Les autorités ne veulent pas se passer du gain économique a priori offert par l’élargissement de la mine. La signature de cet accord s’inscrit dans une volonté du gouvernement panaméen de relancer le secteur de l’industrie minière, annoncée en plein cœur de la pandémie.

Sous la pression des manifestants, le président Laurentino Cortizo a proposé dimanche 30 octobre de convoquer un référendum pour laisser les Panaméens décider que soit abrogée ou non la loi autorisant l’exploitation du gisement. Les autorités avaient en outre répondu aux manifestants vendredi 27 octobre que de nouvelles mesures seraient prises pour limiter les impacts écologiques : le gouvernement a émis un décret « déclarant l’interdiction d’accorder de nouvelles concessions de minéraux métalliques sur tout le territoire national », selon les mots de M. Cortizo dans un discours télévisé dimanche 30 octobre au soir, qui ne mentionnait pas le contrat controversé avec First Quantum Minerals. Sa déclaration n’a pas suffi à apaiser les esprits : dès le lundi matin, les opposants à l’exploitation du gisement étaient de nouveau dans la rue, convaincus que l’annonce présidentielle n’était qu’un écran de fumée. Le peuple n’a « aucune confiance dans le gouvernement », a affirmé un manifestant au micro du correspondant de RFI à Panama. 

Cette mine fait en effet polémique depuis plusieurs années déjà. La Cour constitutionnelle a recueilli le 27 octobre une demande pour inconstitutionnalité du contrat, qui sera analysée dans les prochains jours. Mais, en 2017 déjà, la Cour suprême avait jugé le contrat précédent encadrant l’exploitation du gisement de cuivre en question comme anticonstitutionnel. Or ceci n’a pas empêché la mine de fonctionner jusqu’à aujourd’hui. En outre, le Tribunal électoral a annoncé qu’il n’était pas en mesure d’organiser un scrutin tel qu’annoncé par M. Cortizo. 

Malgré ces blocages, le président a transmis au Congrès panaméen un projet de loi ouvrant la voie à un référendum le 17 décembre. Le président de l’Assemblée nationale, Jaime Vargas, membre du parti présidentiel, a pour sa part déclarée qu’il proposerait d’amender le projet de loi afin de suspendre le contrat dans l’attente d’un référendum.  Mais le président de la Cour a insisté pour que les choses soient faites dans l’ordre : il convient de traiter dans un premier temps la demande d’inconstitutionnalité, puis, si elle échoue, un référendum pourra être organisé.  

Le mouvement « Panamá Vale mas sin Mineria », qui regroupe plus de 100 organisations écologistes, et plus largement l’ensemble des manifestants, ne s’arrêtera pas avant la déclaration finale. Les défenseurs de l’environnement qui ont convoqué les marches tentent de nouveau de mettre en avant les sérieux dommages sur la biodiversité que cette exploitation minière engendre. La mine est située sur le corridor biologique méso-américain qui regroupe la biodiversité la plus riche de tous les pays d’Amérique centrale confondus, qui protège de nombreuses espèces, qui établit le lien entre des aires protégées, et qui abrite plusieurs populations autochtones. (…)

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Panamá: les manifestations contre le projet minier de Donoso se poursuivent et font deux morts (RFI / AFP)

Depuis le 20 octobre, la crise se poursuit au Panama, des manifestants dénoncent le renouvellement d’un important contrat minier signé par le gouvernement avec une compagnie canadienne. Plusieurs secteurs sont en grève, et la stratégie des opposants consiste à bloquer la circulation, dans la capitale et sur les principaux axes routiers. Les écoles restent fermées, et une manifestation de professeurs a fait deux morts

Manifestation le 3 novembre 2023 à Panamá © Roberto Cisneros / AFP

Dimanche, le ministère de l’Éducation avait annoncé la réouverture des écoles, après deux semaines de suspension forcée par la grève des enseignants conjuguée aux difficultés de circulation. Mais les syndicats de professeurs ont très vite répondu qu’ils ne reprendraient pas les cours tant que ne serait pas réglé le problème de la mine.

Ce mardi 7 novembre, après un long week-end férié dû à la fête nationale, il y avait plus de chance de croiser le corps enseignant sur les différents points de rassemblements, en ville ou sur la route panaméricaine, plutôt que dans les classes, rapporte notre correspondant à Panamá City, Grégoire Pourtier. Plusieurs avenues de la capitale ont été bloquées par de petits groupes de manifestants, tandis que l’autoroute interaméricaine est depuis plusieurs jours coupée en plusieurs tronçons, affectant l’approvisionnement du pays en nourriture ou carburant.

Un automobiliste a ouvert le feu sur deux manifestants

Si les dernières semaines avaient déjà été marquées par des dispersions au gaz lacrymogène, du vandalisme dans certains quartiers de Panamá City, et un millier d’arrestations, la situation a vraiment dégénéré. À Chame, à une soixantaine de kilomètres de la capitale, un nouveau blocage de la circulation par des enseignants, a excédé un automobiliste qui a fait feu avec une arme sur les manifestants, tuant deux personnes. L’homme, un avocat panaméen et américain de 77 ans, a immédiatement été interpellé par la police.

Sur X (anciennement Twitter), le président Laurentino Cortizo a exprimé ses condoléances aux familles des défunts. « C’est un acte qui n’a pas sa place dans une société aussi solidaire que la nôtre », a-t-il déclaré. Des appels à manifester ce mercredi en mémoire des deux manifestants ont déjà été lancés. (…)

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Panamá: les manifestants misent sur la justice pour dénoncer le contrat minier (Grégoire Pourtier / RFI)

Depuis que le gouvernement a signé un contrat pour poursuivre l’exploitation d’une mine de cuivre, la population se fait entendre tous les jours en défilant et en bloquant une grande partie de l’activité du pays. Une proposition de référendum a été rejetée, et une loi plus générale sur le secteur minier n’a pas convaincu les manifestants, qui espèrent surtout que le contrat et sa ratification seront jugés anticonstitutionnels. Une mobilisation permanente devant la Cour Suprême pour maintenir la pression est désormais en place.

Les manifestants protestent contre le renouvellement pour 40 ans du contrat d’exploitation de la plus grande mine de cuivre d’Amérique centrale par la compagnie canadienne First Quantum minerals (FQM), conclu le 20 octobre 2023. REUTERS – STRINGER

Ils ne sont qu’une dizaine devant la Cour Suprême, mais ils sont là, en relais de ceux qui viennent d’y passer la nuit. Un homme en costume les ravitaille en boissons fraîches et en biscuits, l’idée étant de maintenir une présence 24 heures sur 24.

Ici, pas de blocage de la circulation, au contraire, les voitures klaxonnent leur soutien. Pour dénoncer le contrat minier, les Panaméens s’en remettent à la justice plutôt qu’à la voie politique, qui exposerait le pays à de lourdes sanctions financières. « Ce serait dangereux si Panama avait décidé d’abroger une loi avec une autre loi, simplement parce qu’il a choisi de changer sa politique environnementale. À l’inverse, si la Cour Suprême de justice déclare que ce contrat est anticonstitutionnel, alors cela signifierait que cela a été une erreur totale, qu’il n’aurait jamais dû être signé parce qu’il ne correspond pas aux engagements que le Panama peut prendre ». (…)

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La mobilisation contre l’extractivisme minier gronde au Panamá (Les enjeux internationaux / France Culture)

C’est une mobilisation exceptionnelle qui agite en ce moment au Panama : depuis dix jours, la population manifeste massivement contre le renouvellement d’un contrat d’exploitation minier par une société canadienne…

Manifestation contre le contrat du gouvernement avec la société minière canadienne First Quantum et sa filiale Minera Panamá à Panamá City, le 29 octobre 2023. ©AFP – Maria Isabel Sanchez / AFP

Avec Jean Foyer, sociologue, chargé de recherche au CNRS Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC), responsable du pôle Gouvernance environnementale et controverses sociotechniques, coresponsable du séminaire “Gouverner le vivant“.

Pour tenter de calmer les foules, le président Laurentino Cortizo a demandé à ce sujet la tenue d’un référendum, et ce, contre l’avis du Tribunal électoral – l’équivalent de notre Conseil constitutionnel. Comment comprendre l’ampleur de cette mobilisation dans un pays pourtant peu enclin aux luttes environnementales ? Peut-on y voir une prolongation des mobilisations anti-extractivistes menées dans d’autres pays d’Amérique latine – ou le contexte politique panaméen l’emporte-t-il sur le mouvement régional ?

“Un projet pharaonique”

Jean Foyer décrit ce projet d’exploitation minière qui cible la région de Cologne : “C’est un projet pharaonique, comme beaucoup de projets miniers actuellement. Il a nécessité le déboisement de 12 000 hectares de forêt tropicale. Il y a 5 000 personnes qui travaillent sur place, et on compte au total 7 500 emplois directs et indirects. C’est 10 milliards de dollars d’investissement sur 32 ans.” Les dégâts environnementaux sont déjà constatés : ” L’opération même d’extraction de la mine est gourmande en eau. Toute la machinerie produit énormément de CO2.” (…)

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Contrat minier au Panamá: les raisons environnementales de la colère (Lucile Gimberg / RFI)

Au Panamá, depuis une dizaine de jours, des manifestations massives ont lieu contre un nouveau contrat minier signé par le gouvernement. Au cœur de la colère : l’impact environnemental de cette mine gigantesque.

Manifestation pour dénoncer un contrat minier signé entre le gouvernement panaméen et une société canadienne, à Panama, le 26 octobre 2023. © AP/Arnulfo Franco

Il s’agit de la mine de cuivre à ciel ouvert la plus grande d’Amérique centrale. Elle exporte 300 000 tonnes de cuivre chaque année et s’étend sur près de 17 000 hectares si l’on compte la zone d’extraction du métal, les énormes bassins d’eau nécessaires pour cela, la route et le port dont dispose la mine. Une surface qui a été déforestée dans une zone tropicale qui regorge d’une biodiversité parmi les plus riches du monde. Jaguars à l’affût, aigles majestueux, oiseaux flamboyants… Nous sommes au cœur du corridor biologique méso-américain, un enchaînement de forêts qui vont de Mexique jusqu’au nord de la Colombie. Au sein de ce système naturel, le Panama fait office de pont pour de nombreuses espèces.

Rivières polluées

La mine, aujourd’hui aux mains de l’entreprise canadienne First Quantum Minerals, opère depuis plusieurs années et a déjà essuyé des protestations populaires.

Mais les manifestations sont massives cette fois-ci, « parce que la population a maintenant constaté les dégâts sur l’environnement », estime la présidente de l’association Panama Durable, Raisa Banfield. Elle énumère : « Des eaux de rivières polluées, des poissons morts, des problèmes de peau signalés par les paysans alentour. »

Les manifestants dénoncent aussi les conditions d’attribution de la concession minière. Un premier contrat avait été déclaré inconstitutionnel par la Cour suprême parce qu’il n’y avait pas eu d’appel d’offre public. Pour le remplacer, le gouvernement a de nouveau négocié en catimini et choisi une procédure accélérée. La loi attribuant la concession pour 20 ans supplémentaires a été débattue, approuvée et promulguée en seulement trois jours.

Et Raisa Banfield explique que selon les nouveaux termes du contrat, l’entreprise canadienne aura encore plus de droits : « Elle pourra désormais dévier ou retenir des cours d’eau et revendre l’eau aux populations voisines. » Et le port d’où part le cuivre sur la mer des Caraïbes, est « aux mains de la firme »

Pour l’activiste et ex-vice maire de la ville de Panamá, « c’est une véritable enclave privée créée sur le territoire ». (…)

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Manifestations au Panamá : les habitants exigent l’abrogation d’un contrat minier (France 24)

Au Panamá, d’immenses manifestations secouent le pays depuis une semaine. Les panaméens exigent l’abrogation d’un contrat minier passé avec une firme canadienne. Cet accord lui permettrait d’exploiter pendant 20 ans la plus grande mine de cuivre d’Amérique centrale.

Reportage de France 24

Panamá : heurts entre police et manifestants contre un projet minier controversé (AFP)

Des affrontements ont éclaté mercredi 2 novembre entre les manifestants et la police à Panamá après que les députés ont décidé de laisser à la Cour suprême de justice du pays le soin de statuer sur un contrat minier controversé.

Reportage de AFP