🇸🇻 El Salvador : Une éminente défenseure des droits humains arrêtée (Human Rights Watch)


Les autorités salvadoriennes poursuivent leur répression contre les organisations de la société civile. Elles ont arrêté Ruth Eleonora López, une éminente avocate spécialisée dans la défense des droits humains, a déclaré Human Rights Watch.

L’avocate salvadorienne Ruth Eleonora López. © El Diario de Hoy

Voir également : Déclaration conjointe face au contexte de persécution et de criminalisation des personnes et organisations défenseures des droits humains au Salvador.

Le 18 mai, à 23 heures, la police salvadorienne a arrêté Ruth Eleonora López à son domicile de San Salvador. Ruth Eleonora López, qui dirige la division Lutte anti-corruption et Justice au sein de Cristosal, l’une des principales organisations de défense des droits humains au Salvador, est accusée de détournement de fonds. Toutefois, au moment de son arrestation, les autorités n’avaient encore fourni aucune information détaillée sur les allégations spécifiques portées contre elle.

« Ruth Eleonora López a courageusement dénoncé la corruption et les violations des droits humains au Salvador », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « Son arrestation semble s’inscrire dans le cadre d’une intensification des efforts visant à réduire au silence les critiques du gouvernement Bukele. »

L’arrestation de Ruth Eleonora López est le dernier rappel en date que, sous la présidence de Nayib Bukele, le Salvador est de plus en plus hostile aux journalistes, aux dirigeants syndicaux et aux défenseurs des droits humains. Des personnes exprimant des critiques à l’égard du gouvernement Bukele sont qualifiées de « défenseurs de gangs » ; le gouvernement et ses partisans à l’Assemblée législative ont adopté des lois qui portent atteinte à la liberté d’expression et révoqué l’exonération fiscale de certaines ONG. Les autorités ont arrêté des défenseurs des droits humains, dont, récemment, un avocat et un pasteur évangélique ayant participé à une manifestation pacifique contre la décision d’expulser des habitants du territoire où ils vivaient précédemment. Face à l’escalade du harcèlement les visant, des procureurs qui ont dénoncé la corruption du gouvernement Bukele et ses négociations avec les gangs ont été contraints à l’exil, tout comme plusieurs journalistes.

Précédemment en mai, sept journalistes d’El Faro, un important média d’investigation, ont quitté le pays après avoir appris que le gouvernement avait émis des mandats d’arrêt à leur encontre ; cette décision a fait suite à l’enquête du journal sur des négociations secrètes entre le gouvernement Bukele et les gangs. Des actes d’intimidation et une campagne de diffamation ont ensuite contraint El Faro à délocaliser son personnel et ses finances au Costa Rica.

Une enquête menée en 2022 par Amnesty International et Access Now a révélé l’utilisation à grande échelle par le gouvernement du logiciel espion Pegasus de NSO Group contre des journalistes et des membres d’organisations de la société civile au Salvador.

L’administration Bukele a pris d’autres mesures pour réprimer la société civile. Le 13 mai, le président Bukele a annoncé qu’il présenterait à l’Assemblée législative un projet de loi sur les « agents étrangers » (« agentes extranjeros »), qui imposerait une taxe de 30 % à tout financement étranger perçu par les organisations de défense des droits humains et les médias indépendants. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici