🇸🇻 Salvador: un juge abandonne les poursuites dans une affaire d’avortement (RFI)


Poursuivie pour homicide pour avoir accouché d’un bébé mort peu après la naissance, une Salvadorienne a obtenu l’abandon de l’action judiciaire par un juge. Le Salvador a une loi anti-avortement extrêmement répressive, soutenue par la puissante Église catholique.

Beatriz voulait vivre, peut-on lire sur le foulard, qui réclame justice pour cette jeune femme condamnée pour avortement. Manifestation à San Salvador, le 18 octobre 2022. REUTERS – JESSICA ORELLANA

Les médias l’appellent Katia pour protéger son identité. Elle risquait, conformément à la loi salvadorienne une peine de trente années de prison après avoir été poursuivie pour homicide avec circonstances aggravantes pour avoir accouché à domicile d’un bébé qui n’a survécu que quelques heures. Un juge de la ville d’Ahuachapán, située à 100 km à l’est de la capitale, a « déclaré le non-lieu définitif de l’action pénale contre Katia », selon un communiqué du Groupe citoyen pour la dépénalisation de l’avortement (Acdatee).

En 2019, au moment des faits, la jeune femme n’a que vingt-deux ans lorsqu’elle accouche d’une petite fille dans sa salle de bain. Ses proches la transportent immédiatement, avec son bébé, vers un centre hospitalier pour recevoir d’urgence des soins médicaux. La fillette décède à l’hôpital. Dans la foulée, le personnel soignant dénonce Katia à la police. Elle est détenue provisoirement, et accusée par la suite d’avoir tué son bébé.

La décision du parquet d’abandonner la procédure le 19 octobre a été saluée par les militantes féministes. « Une fois de plus, nous avons réussi à faire face et à inverser les efforts de criminalisation qui, sans fondement et sans preuve (…) persécutent, accusent et cherchent à condamner les femmes », a déclaré Morena Herrera, du conseil d’administration de l’Acdatee, dans le communiqué.

Depuis 1998, le code pénal du Salvador interdit l’avortement, même en cas de viol ou de danger pour la mère, et prévoit des peines pouvant aller jusqu’à huit ans de prison. Cependant, les procureurs et les juges requalifient les cas d’avortements, même involontaires, en « homicide avec circonstances aggravantes », ce qui fut fait pour Katia, passibles d’une peine allant jusqu’à cinquante ans de prison.

L’an dernier, en octobre, le Congrès a rejeté tout changement de la loi sur l’avortement. La proposition de réforme émanait d’associations de défense des droits des femmes et demandait la dépénalisation dans trois cas : pour sauver la vie de la mère, quand le fœtus n’est pas viable, ou dans le cas de viol d’enfants, d’adolescentes et de femmes. Evelyn Hernández Cruz, enceinte après un viol, trente ans de prison après une fausse couche (avocats), Lesly Ramírez, dont le bébé meurt peu après la naissance, trente ans de prison. (…)

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– Salvador: elles ont fait dix ans ferme pour des fausses couches (Tribune de Genève)
– Evelyn Hernández acquittée, l’arsenal anti-avortement reste intact au Salvador (Courrier International)