🇸🇻 Salvador: malgré les critiques, le président veut relancer l’exploitation aurifère (TV5 Monde / AFP)


“Absurde” ! C’est ainsi que le président du Salvador, Nayib Bukele, a qualifié la décision du pays en 2017 d’abandonner l’extraction des métaux au nom de la défense de l’environnement. Face à une croissance atone, il entend relancer l’extraction de l’or, faisant fi des critiques.

L’entrée de la mine abandonnée de San Sebastián à Santa Rosa de Lima, au Salvador, le 5 décembre 2024. AFP Daniela Rodriguez

Le Salvador a été le premier pays au monde à interdire en 2017 toute licence ou concession de mines de métaux à ciel ouvert ou souterraines, ainsi que l’usage de produits chimiques toxiques comme le cyanure ou le mercure.

Fin novembre sur son compte X, son unique canal de communication, M. Bukele a affirmé que “des études menées dans seulement 4% de la zone potentielle ont permis d’identifier cinquante millions d’onces d’or, évaluées aujourd’hui à 131,565 millions de dollars. Cela équivaut à 380% du PIB”, a-t-il avancé, citant une étude rédigée par des auteurs inconnus qui n’a jamais été publiée.

“Si nous exploitons nos ressources naturelles de manière responsable, nous pouvons changer l’économie du Salvador du jour au lendemain”, a-t-il estimé quelques jours plus tard.

Le président élu en 2019 va demander au Parlement, où son parti est ultra-majoritaire, d’abroger la loi afin de lancer des appels d’offres pour profiter selon lui de “la plus forte densité au monde” de gisements d’or.

La volonté de M. Bukele suscite l’inquiétude des défenseurs de l’environnement et mardi 10 décembre, trois cents personnes se sont rassemblées aux abords du Parlement. Une lettre a été remise aux députés soulignant que “réactiver cette industrie” serait “une décision irresponsable”.

“C’est une chose d’installer une mine dans le désert d’Atacama (au Chili) et cela en est une autre d’ouvrir une mine à ciel ouvert à Chalatenango (nord du Salvador), où la densité de population est élevée et où il existe peu de réserves forestières”, juge auprès de l’AFP Pedro Cabezas, dirigeant de l’Alliance centraméricaine contre les mines.

Antonio Pacheco, dirigeant de l’ONG ADES, estime que l’exploitation minière dans le bassin de la rivière Lempa, qui alimente la capitale en eau, “comporte un risque énorme” et “l’effet nocif se répercuterait sur tout le territoire”.

Les diverses ONG qui avaient milité et obtenu la loi anti-mines de 2017 prédisent “pénurie d’eau et pollution”, car contrairement aux pays andins (Chili, Pérou, Bolivie, Argentine), l’Amérique centrale n’a aucune tradition minière.

L’exploitation à ciel ouvert est illégale au Honduras, au Costa Rica (bien que le gouvernement ait laissé entendre un possible retour en arrière), et le Panamá a déclaré un moratoire sur de nouvelles autorisations d’extraction après la paralysie du pays contre la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Pour rappel, voir :
Au Salvador, la loi interdisant l’exploitation minière pourrait être remise en cause (Gwendolina Duval / RFI) (novembre 2023)
El Salvador, primer país del mundo en prohibir la minería metálica (avril 2017)
Salvador : l’eau plutôt que l’or (avril 2017)