🇻🇪 Venezuela : reprise des négociations. Vers une sortie de crise ? (quelques analyses)


Samedi 26 novembre, l’administration étasunienne a annoncé un allègement de l’embargo pétrolier envers le Venezuela. L’annonce est un évènement pour le pays, qui a connu une chute de 80% de son PIB et un exode de sept millions de personnes.

Le président vénézuélien Nicolás Maduro montre l’accord signé au Mexique le 26 novembre entre le gouvernement vénézuélien et les secteurs de l’opposition ©AFP – Yuri Cortez

L’éclaircie est venue de Mexico où étaient réunis les représentants de Nicolás Maduro et de l’opposition. Les deux partis ont signé un accord pour débloquer les fonds appartenant au Venezuela qui étaient gelés dans le système financier international et ont convenu qu’il serait utilisé pour répondre aux besoins les plus urgents pour la population vénézuélienne.

Le Venezuela sort de la crise (entretien avec Thomas Posado par Baptiste Muckensturm / Les enjeux internationaux / France Culture)

Le Venezuela profite d’un alignement des planètes avec d’une part un contexte international favorable sur le plan de l’énergie et d’autre part, plusieurs gouvernements de gauche d’Amérique latine et les démocrates aux États-Unis prompts à donner une chance au pays pour sortir de la crise politique.

De gauche à droite : le délégué de l’opposition vénézuélienne Gerardo Blyde Pérez, le ministre des Affaires étrangères du Mexique Marcelo Ebrard, le diplomate norvégien Dag Nylander et le président de l’Assemblée nationale du Venezuela, Jorge Rodríguez, le 26 novembre à Mexico. AP – Fernando Llano

(…) L’autre volet des négociations concerne l’autorisation pour le pétrolier américain Chevron – qui est resté jusqu’ici dans le pays pour entretenir les infrastructures – d’exporter à nouveau du brut vers les États-Unis. Il n’est pas certain que la manne financière qui en découle arrivera jusqu’à la population selon Thomas Posado. Les conditions d’exportation de pétrole sont restrictives. L’entreprise pétrolière publique vénézuélienne PDVSA n’a pour le moment pas l’autorisation de tirer des revenus des ventes de brut du pétrolier américain et même en cas de changement de ces conditions, la production nationale reste relativement faible ; 2,3 millions de barils en 2015 contre quatre cent mille barils en 2020 pour aujourd’hui se situer entre six cents et sept cent mille barils

Avec Thomas Posado docteur en science politique, chercheur associé au CRESPPA-CS (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris)

Lire l’article complet et écouter le podcast ici


Venezuela : le contexte de la reprise des négociations (Mariano de Alba / Le Grand Continent)

Le contexte géopolitique et régional a considérablement changé plus d’un an après la suspension officielle du processus de négociation entre le gouvernement vénézuélien et la plateforme unitaire de l’opposition.

Photo / Matias Delacroix/ AP

Le programme, qui est facilité par le Royaume de Norvège et qui est bien vu par le gouvernement américain et l’Union européenne, reprend ce samedi 26 novembre.

C’est l’espace où il est le plus probable que des accords structurants qui rapprochent le Venezuela d’une résolution de sa crise prolongée et profonde puissent être atteints. C’est ce qui explique la récente rencontre à Paris entre les présidents de la France, de l’Argentine et de la Colombie et les chefs de la délégation gouvernementale vénézuélienne et de la Plateforme unitaire, accompagnés du ministre des affaires étrangères norvégien. Il s’agissait d’un effort diplomatique visant à donner un nouvel élan au processus.


Si vous êtes là, c’est que France Amérique Latine vous intéresse. On a besoin de votre soutien ! Merci de participer à notre collecte 20 000 euros pour FAL d’ici la fin 2022. (réduction fiscale)


La route vers Paris

Emmanuel Macron est devenu Président de la République en mai 2017, au moment où le Venezuela connaissait de fortes tensions en raison de la vague de protestations que le pays a connue en avril et juin de cette année-là. La crise institutionnelle a été déclenchée après que la Cour suprême de justice, contrôlée par le gouvernement de Nicolás Maduro, a repris les fonctions de l’Assemblée nationale, qui était alors composée d’une majorité de l’opposition. 

Fin août 2017, Macron a qualifié le gouvernement vénézuélien de « dictature qui tente de se maintenir au prix de souffrances humaines sans précédent et d’une radicalisation idéologique inquiétante », suscitant un rejet de Caracas. Dès lors, les relations diplomatiques entre Caracas et Paris se sont affaiblies, sans pour autant s’interrompre. En février 2019, Macron a même reconnu le leader de l’opposition Juan Guaidó « comme président chargé de mettre en œuvre un processus électoral ».

Mais ces élections présidentielles n’ont pas eu lieu et les tensions entre le Venezuela et la France ont continué. En janvier 2020, Macron a reçu Guaidó à l’Élysée. En mai, le gouvernement français a dû convoquer à Paris l’ambassadeur du Venezuela nommé par Maduro, car la résidence de l’ambassadeur français à Caracas avait subi des coupures d’eau et d’électricité, après des rumeurs selon lesquelles Guaidó y était retranché. Cette décision a été prise quelques jours après qu’un groupe de mercenaires a tenté de mener un raid maritime dans le but présumé de renverser Maduro. Cette opération, connue sous le nom de Gideon, avait, au moins dans sa phase de préparation, compté sur la connaissance et la participation des subordonnés de Guaidó.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec ses divers effets sur l’économie mondiale et la demande de ressources naturelles, s’est produite en février 2022 alors que Nicolás Maduro était déjà plus fermement ancré au pouvoir. Dès lors, la position sur le Venezuela de plusieurs pays occidentaux a commencé à changer plus clairement. Macron a déclaré lors de la réunion du G7 en juin que toutes les options devaient être explorées pour enrayer la hausse des prix du pétrole, y compris le retour du pétrole iranien et vénézuélien sur le marché occidental.

Toutefois, dans le cas vénézuélien, ce retour éventuel n’est possible que si le gouvernement américain assouplit au moins les sanctions économiques qu’il a imposées à PDVSA et au gouvernement Maduro à partir de 2019. En effet, l’administration Biden, en partie pour des raisons de politique intérieure, a imposé comme condition à la levée des mesures restrictives des progrès concrets dans les négociations au Mexique. Il cherche ainsi à décourager les critiques des sénateurs et des membres du Congrès qui sont réticents à toute concession faite à Caracas.

En octobre 2021, le gouvernement vénézuélien a suspendu sa participation au processus de négociation en réaction à l’extradition aux États-Unis d’Alex Saab, un homme d’affaires colombien qui l’aidait à contourner les sanctions américaines en renforçant les liens commerciaux de l’État vénézuélien avec des pays comme la Turquie et l’Iran. Mais en mars 2022, Maduro parvient à mettre en place une négociation en coulisses avec le gouvernement américain, à la suite de la visite à Caracas d’une délégation conduite par un représentant de la Maison Blanche.

Pendant ce temps, des délégations du gouvernement et de la Plateforme unitaire ont commencé à négocier un accord qui impliquerait le déblocage de fonds de l’État vénézuélien à l’étranger pour un montant d’environ 3 milliards de dollars, dans le but de financer des projets dans le domaine des services publics. La France, tenant compte de cette avancée forgée à Caracas, a cherché à pousser le retour des négociations au Mexique, sachant que l’exécution de l’accord n’est possible que si le gouvernement américain, par le biais du département du Trésor, permet la mobilisation de ces fonds vers un autre compte qui a l’approbation du gouvernement et de l’opposition, et qui serait probablement administré par les Nations unies. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Venezuela: faible embellie sur le marché du pétrole avec la reprise des activités de Chevron (Altin Lazaj / RFI)

Le président vénézuélien Nicolás Maduro a exprimé sa satisfaction quelques jours après l’autorisation donnée par les États-Unis au géant américain de l’énergie Chevron d’opérer au Venezuela. Le chef de l’État en a profité pour demander la levée complète des sanctions imposées à son pays. Mais cette décision américaine aura très peu d’impact dans l’immédiat sur le marché mondial du pétrole.

Vue du complexe pétrolier José Antonio Anzoategui dans l’État d’Anzoategui / AP – Matias Delacroix

Six mois. C’est la durée de l’autorisation octroyée à Chevron par l’administration Biden. Le géant américain ne pourra en effet reprendre que partiellement ses opérations d’extractions d’hydrocarbures. Cette licence lui permet de relancer ses activités dans les quatre entreprises qu’il détient avec le géant public du pays Petroleos de Venezuela. Chevron devra toutefois s’assurer que l’entreprise publique ne recevra aucun revenu de ses ventes de pétrole.

Les experts estiment qu’avec de telles conditions, la production vénézuélienne augmentera très légèrement, à peu près 100 000 barils par jours d’ici six mois, pas assez pour influencer donc le marché international. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Voir également :
– Accord historique entre Vénézuéliens à Mexico. Les États-Unis lâchent du lest (RFI)
Venezuela : après l’« accord partiel » entre le pouvoir et l’opposition, les Etats-Unis allègent l’embargo pétrolier (Le Monde / AFP)
– Venezuela : Le gouvernement et l’opposition reprennent le dialogue (Espaces Latinos)
– Le Venezuela bientôt libéré de son statut de paria ? (L’Humanité / article réservé aux abonné.e.s)