Accord UE-Mercosur : Signera ? Signera pas ? Emmanuel Macron juge le traité inacceptable « en l’état » mais ne ferme pas la porte (Théo Bourrieau / L’Humanité)


Emmanuel Macron a déclaré jeudi 26 juin que l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur était inacceptable « en l’état ». Début mai, il estimait que cet accord était « stratégiquement bon » et qu’il accepterait de le signer sous conditions. Alors que la Commission Européenne s’apprête à lancer le processus de ratification, la France fait-elle tout pour s’y opposer ?

« Le discours d’Emmanuel Macron est passé d’une opposition franche à l’accord à un soutien possible si les conditions étaient réunies », regrette l’économiste Maxime Combes. © ABACCA

Après plus de vingt ans de discussions, les négociations entre l’Union Européenne et le Mercosur se sont achevées. La Commission Européenne a lancé le processus de ratification du traité de libre-échange entre l’UE et l’organisation regroupant l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. Si la France a longtemps affiché son opposition à cet accord, plusieurs déclarations du président de la République et de la ministre de l’Agriculture laissent entendre un possible fléchissement de cette posture.

« La proposition de signature et de conclusion (de l’accord) sera adoptée par la Commission avant la fin de ce mois », a fait savoir cette semaine Leopoldo Rubinacci, directeur adjoint chargé du commerce à la Commission. Les 27 États membres devront alors délibérer, puis voter sur ce projet de texte finalisé. Ne faisait état que de « problèmes mineurs », le chancelier allemand, Friedrich Merz, fervent partisan du traité, a même déclaré qu’« aucun chef d’État ou de gouvernement n’a soulevé d’objection fondamentale sur le fait que nous convenons sur le principe que l’accord Mercosur doit maintenant être adopté dès que possible » à l’issue du sommet européen, ce 26 juin.

À l’écouter, l’affaire est entendue. Pourtant « la bataille n’est pas finie », estime le collectif national Stop Mercosur« Une minorité de blocage est toujours possible, mais la France doit y mettre tout son poids politique », réclame l’organisation. En effet, si l’Hexagone a longtemps affiché son opposition au traité entre l’Union Européenne et le Mercosur, plusieurs spécialistes dénoncent un manque de combativité des acteurs diplomatique. « La France ne fait pas assez, trop tardivement », s’insurge le collectif. « Le discours d’Emmanuel Macron est passé d’une opposition franche à l’accord à un soutien possible si les conditions étaient réunies », regrette Maxime Combes, économiste spécialiste des enjeux environnementaux et énergétiques internationaux.

En marge de la visite du président brésilien Lula à Paris début mai, Emmanuel Macron a en effet affirmé qu’« un accord entre l’UE et le Mercosur » était « stratégiquement bon » et qu’il accepterait de le signer sous conditions. Mardi 17 juin, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard a fait savoir que la France « demandait instamment des mesures pour obtenir des clauses de sauvegarde robustes qui préservent nos intérêts agricoles ». Lors du sommet européen, le président français a confirmé l’opposition française « en l’état ». « Ce qu’on pousse, ce n’est pas de modifier l’accord tel qu’il est, c’est de l’enrichir avec une discussion supplémentaire », a-t-il pris soin de préciser. (…)

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Voir également : 
– Accord UE-Mercosur : exporter des pesticides interdits pour importer des produits contaminés ?
– Emmanuel Macron, prêt à signer l’accord UE-Mercosur d’ici à la fin de l’année ?
– Passez à l’action et interpellez votre collectivité territoriale !


Pour rappel, voir :
Accord UE-Mercosur : les peuples indigènes du Brésil inquiets pour leurs terres (Euronews)
Accord UE/Mercosur : le point de vue sud-américain (Christophe Ventura / IRIS)
Accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur : quelques analyses
Accord UE-Mercosur : Lettre ouverte à Emmanuel Macron et Michel Barnier

« L’accord avec l’UE aura un impact négatif sur les pays du Mercosur » (entretien avec Luciana Ghiotto / Luis Reygada / L’Humanité) / L’opposition de façade d’Emmanuel Macron (Jeanne Cassard / Reporterre)