🇨🇴 Colombie : affrontements entre groupes armés dans le Catatumbo (revue de presse et premières analyses)
Depuis le 16 janvier, la région du Catatumbo (nord-est de la Colombie) est en proie à des violences, à la suite d’affrontements entre les groupes armés Armée de libération nationale (ELN) et État-major général des blocs et des fronts (EMBF), un groupe dissident des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple (FARC-EP). Cette situation a provoqué des déplacements de milliers de personnes, des meurtres et des disparitions forcées : plus de 48 000 déplacés, 54 morts, 11 blessés, et 12 disparus, selon un nouveau bilan (revu à la baisse) des autorités datant de lundi 27 janvier.
Face à cette crise, le président Petro a proclamé, le 20 janvier, l’état d’urgence interne dans la région. Au total, 9 000 militaires ont été déployés pour tenter de reprendre le contrôle du Catatumbo. Gustavo Petro a annoncé dimanche 26 janvier que 104 membres du Front 33 – branche dissidente des Farc – ont déposé leurs armes. L’ELN, en revanche, n’a donné aucun signe d’apaisement. Le président colombien a adressé un message à l’ELN, déclarant que “la révolution ne peut se faire qu’avec le peuple et sans violence”. Revue de presse et quelques analyses.

Guérillas colombiennes : un processus de paix à nouveau en suspens (entretien avec Julie Massal, chercheuse indépendante spécialiste de la Colombie et des mouvements sociaux / Les enjeux internationaux / France Culture)

Les récents affrontements dans la région de Catatumbo, au Nord-Est de la Colombie, ont fait plus de 80 morts et 11 000 déplacés. En cause : des affrontements entre des membres dissidents des FARCS et la guérilla de l’Armée de libération nationale, l’ELN.
Face à ces événements, le président Gustavo Petro a suspendu les négociations de paix engagées avec l’ELN, accusée d’être à l’origine de ces crimes. L’ampleur des attaques pourrait-elle définitivement enterrer un processus de paix qui semble chaque jour plus fragile ? (…)
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Qu’est-ce que l’ELN, cette guérilla en conflit avec l’État colombien depuis soixante ans ? (Rachel Czernichow / Libération)
La Colombie est en proie à des violences depuis le 16 janvier, déclenchées par une attaque sans précédent des combattants de l’ELN contre une branche dissidente des FARC, un mouvement rebelle rival largement démobilisé.
Depuis le 16 janvier, la Colombie a replongé dans une violence extrême, faisant remonter à la surface son passé sanglant. Au compteur : 54 morts, plus de 48 000 déplacés, 11 blessés, et 12 disparus, selon un nouveau bilan (revu à la baisse) des autorités datant de lundi 27 janvier. La région du Catatumbo, dans le nord-est du pays, le long de la frontière vénézuélienne, est le théâtre d’affrontements entre les membres de la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN en espagnol) et des membres dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), dont la plupart des membres avaient signé un accord de paix avec le gouvernement colombien en 2016.
Après une semaine d’attente, l’armée colombienne a annoncé, vendredi 24 janvier, dépêcher 9 000 militaires sur place pour tenter de reprendre le contrôle du Catatumbo. Le président colombien, Gustavo Petro, qui avait déclaré l’état d’urgence dans le pays le 20 janvier, a annoncé dimanche 26 janvier sur X, que 104 membres du Front 33 – branche dissidente des Farc – ont déposé leurs armes. L’ELN, en revanche, n’a donné aucun signe d’apaisement. C’est cette guérilla révolutionnaire colombienne, active depuis les années 1960, qui aurait déclenché les combats. Elle ne semble pas près, aujourd’hui, de lâcher ses armes.
D’où vient l’ELN ?
Créée en 1964, l’ELN s’inspire de la révolution castriste à Cuba, qu’elle ambitionne d’importer en Colombie. D’obédience marxiste-léniniste, ses premiers membres – majoritairement des étudiants et intellectuels de gauche – affirment vouloir combattre les injustices sociales du pays par la lutte armée. Le groupe puise également dans la théologie de la libération, un courant catholique d’Amérique latine axé sur la lutte contre la pauvreté. Dans les années 1970, il compte parmi ses rangs des figures religieuses comme Camilo Torres, prêtre et sociologue tué en 1966, ou le prêtre espagnol Manuel Pérez.
Initialement un mouvement d’intellectuels, l’ELN recrute désormais dans des zones reculées comme le Catatumbo ou les Llanos orientales(plaines de l’est), en ciblant adolescents et communautés autochtones marginalisées. Ces jeunes, souvent privés d’accès à l’éducation ou au travail, voient dans l’ELN une forme de communauté et d’identité, explique Fabián Alfredo Plazas Diaz, spécialiste de l’histoire de la diplomatie colombienne. Toutefois, il note que «le discours de l’ELN a perdu sa capacité narrative», notamment à cause de ses attaques croissantes contre les populations civiles.
Comment le groupe se finance-t-il ?
Dans les années 1980, le groupe armé pratique essentiellement des extorsions pour se financer, en visant des sociétés pétrolières. Mais peu à peu, l’ELN diversifie ses sources de financement, et «participe à des activités criminelles variées», indique Frédéric Massé, spécialiste de la Colombie. Le groupe procède aussi à des enlèvements : il réussit à obtenir 225 millions de dollars via des kidnappings et des extorsions au cours de la seule année 1998, selon le Centre pour la sécurité internationale et la coopération de Stanford. Depuis une vingtaine d’années, l’ELN pratique également des activités minières illégales, en plus d’être impliqué dans différents trafics de drogue en Colombie. (…)
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Violences en Colombie : ce que l’on sait sur la recrudescence des affrontements entre groupes armés (Barbara Gabel / France 24)
La Colombie est secouée par une vague d’affrontements d’une intensité inédite, rappelant les heures sombres de six décennies de conflit armé dans ce pays d’Amérique du Sud. Ces combats meurtriers opposent l’Armée de libération nationale (ELN) et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), deux groupes rivaux qui se disputent la culture de la coca, notamment dans la région du Catatumbo, frontalière avec le Venezuela.
Cette recrudescence de violence porte un coup dévastateur au programme de “paix totale” porté par Gustavo Petro, le premier président de gauche du pays. Misant sur une réduction drastique des opérations militaires pour favoriser le dialogue et stabiliser le pays, sa stratégie semble avoir échoué. Quelles sont les origines de ces affrontements ? Pourquoi la région du Catatumbo est-elle au cœur de ces tensions ? Éléments de réponse.
Les hostilités ont pris une tournure dramatique le 16 janvier, lorsque l’ELN a lancé une attaque sanglante contre des dissidents des Farc – qui ont refusé l’accord de paix de 2016 et conservé leurs armes –, mais aussi contre la population civile dans la région de Catatumbo. Jusqu’alors, les deux organisations rebelles, qui financent leur activités grâce au commerce de la drogue, respectaient une fragile trêve et étaient engagées dans des négociations de paix parallèles avec le gouvernement.
L’origine exacte de la rupture de cette trêve reste incertaine. D’après certains analystes, l’ELN aurait vu son pouvoir s’affaiblir dans son bastion historique du nord-est de la Colombie, alors que les dissidents des Farc ont gagné de l’influence. “Au début, l’ELN ne percevait pas les dissidents comme une menace”, analyse Luis Fernando Trejos, professeur à l’Université du Nord de Barranquilla et spécialiste du conflit armé dans cette région du pays, sur le site espagnol de France 24. “Mais ces derniers ont progressivement renforcé leur contrôle territorial, attisant la rivalité.” (…)
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France 24 : reportages et décryptages
Affrontements entre guérillas dans le nord-est de la Colombie: les autorités confirment 54 morts (TV 5 Monde)
La zone a sombré dans la violence depuis que la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) a pris pour cible des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), un groupe armé rival non signataire de l’accord de paix en 2016, ainsi que des civils.

La vague de violence a fait 54 morts confirmés, plus de 48.000 déplacés, 11 blessés et 12 disparus, selon un nouveau bilan des autorités du département de Norte de Santander (où se trouve le Catatumbo), qui ont révisé le chiffre des décès à la baisse. Précédemment, elles avaient annoncé au moins 80 morts en se basant sur des remontées du terrain. De nouveaux affrontements entre ces guérillas, enregistrés depuis vendredi, ont fait 13 morts à eux seuls. Le bureau du gouverneur du Norte de Santander les a identifiés comme appartenant aux dissidences des FARC.
“Il y a des endroits très éloignés, il y a des endroits très sauvages” dans le Catatumbo, “j’imagine que d’autres corps vont apparaître”, a indiqué George Quintero, secrétaire de la Sécurité de Norte de Santander, à la chaîne de télévision Caracol Noticias.
Selon le bureau du médiateur des droits de l’Homme, les déplacements de population actuels sont les plus importants depuis 1997, quand ces données ont commencé à être recueillies en Colombie. (…)
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Colombie : offensive militaire lancée contre les groupes armés dans le Catatumbo (RFI)
Le gouvernement de la Colombie a annoncé vendredi 24 janvier avoir lancé une offensive militaire à la frontière avec le Venezuela contre les guérilleros de l’ELN, engagés depuis une semaine dans des combats ayant fait au moins 80 morts et 38 600 déplacés. « Il y a déjà eu un premier combat de l’armée contre des membres de l’Armée de libération nationale (ELN) (…). L’ordre est de prendre le territoire », a déclaré le ministre de la Défense Iván Velásquez depuis la ville frontalière de Cucutá.

Le président de gauche Gustavo Petro avait promis la paix. L’horreur des violences commises par l’ELN contre la population civile du Catatumbo l’a contraint à déterrer la hache de guerre, rapporte notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. Gustavo Petro a suspendu les négociations de paix avec l’ELN et les mandats d’arrêt contre une trentaine de chefs de cette guerilla ont été réactivés.
« On est effectivement dans une rupture des discussions avec l’ELN, expliquait cette semaine Yann Basset, professeur de sciences politiques à l’université du Rosario, à Bogotá, à RFI. C’est une rupture qui vient de loin, qui n’est pas soudaine. On voyait bien, depuis quelques mois, que les négociations ne fonctionnaient plus entre le gouvernement et le groupe armé… La seule chose qu’a obtenu Gustavo Petro depuis le début de son mandat, ce sont des avancées avec un tout petit front, les Communeros del Sur, qui se trouve plutôt dans le Nariño et qui est bel et bien en train de signer la paix. Mais ce dernier s’est détaché de la branche principale de l’ELN, les relations se sont envenimées au sein de cette dernière et aujourd’hui, c’est l’impasse ».
Vendredi 24 janvier, le ministre de la Défense, Iván Velásquez, a annoncé le déploiement de 9 000 soldats dans cette région frontière avec le Venezuela. Il a également offert une récompense de 700 000 euros pour la capture des grands chefs de l’ELN qui, il y a encore un mois, étaient assis à la table des négociations de paix avec le gouvernement Petro, à Caracas. (…)
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Colombie: Peur et désir de paix dans le Catatumbo, région meurtrie par les guérillas (TV 5 Monde)
Des guérilleros armés à moto patrouillent sur une des routes poussiéreuses du Catatumbo, région du nord de la Colombie frontalière du Venezuela à laquelle l’armée ne peut accéder, théâtre la semaine dernière d’affrontements meurtriers entre guérillas.

L’AFP a été tolérée dans cette zone où l’attaque des rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN) contre des dissidents de la guérilla des ex-FARC a fait plus de 80 morts, au moins 36.000 déplacés et des milliers de personnes confinées. Selon le bureau du défenseur du peuple, organisme de défense des droits humains, c’est le plus grand déplacement forcé en un seul “événement” depuis le début en 1997 de ce type de registres.
Cagoulés et lourdement armés, les guérilleros de l’ELN multiplient les points de contrôle sur les routes de la région pour empêcher l’entrée de militaires et traquer leurs rivaux dans cette enclave reculée où se mêlent champs de coca, extraction illégale de charbon et point de passage du principal oléoduc du pays, cible de pillages.
Malgré l’ordre du président de gauche Gustavo Petro de reprendre le contrôle de la zone, aucun signe de mouvement de troupes. Les civils circulent dans des véhicules auxquels sont attachés des drapeaux blancs pour seule protection.
À la lisière des montagnes, quelques-uns des plus de 50.000 hectares de champs de coca, le principal composant de la cocaïne dont la Colombie est le premier exportateur mondial. Sa production et son exportation sont sources de conflits entre les différents groupes armés du pays : cartels de narcotrafiquants ou guérillas à la lointaine idéologie révolutionnaire.
“Ces guerres durent depuis des années”, souffle Luz Franco, 44 ans, propriétaire d’une épicerie. Le 16 janvier, jour de l’attaque engagée par l’ELN fondée en 1964, a ravivé en mémoire les pires heures du conflit armé colombien qui en six décennies a touché 9,8 millions de personnes, déplacées pour la majorité, et fait 1,1 million de morts.
Mme Franco raconte avoir fermé la porte de sa maison et attendu fébrilement avec son mari et ses deux enfants de 10 et 15 ans que cessent les tirs au-dehors. “On a pu voir le groupe (de guérilleros) entrer dans le village”, dit-elle. “Tout le monde s’est confiné ce jour-là, tous cherchaient un endroit pour s’abriter (…) On ne savait pas très bien ce qui se passait”. (…)
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Voir aussi :
Violence dans la région du Catatumbo en Colombie (Communiqué de France Amérique Latine)/ Violencia en la región del Catatumbo en Colombia (Comunicado de France Amérique Latine)
La Colombie suspend les négociations de paix avec l’ELN après des violences meurtrières (Le Monde / TV5 Monde / AFP)