Colombie: troisième semaine de mobilisations, répression, solidarités (revue de presse)


Suite au mouvement de grève du 28 avril et aux manifestations massives qui ont suivi, le peuple colombien a obtenu le retrait provisoire du projet de réforme fiscale d’Iván Duque et la démission du ministre des Finances, Alberto Carrasquilla, mais la mobilisation ne faiblit pas car, si c’est bien ce projet qui a mis le feu aux poudres, la population s’inscrit dans une contestation globale de la politique néolibérale et anti-démocratique du gouvernement. La répression contre les manifestations est d’une extrême violence. Et le bilan est lourd. La communauté internationale s’en inquiète et des mouvements de solidarité se développent.

Place de la République, à Paris, soutien au peuple colombien le 8 mai 2021. Photo Jonathan Baudoin

Le gouvernement colombien dénoncé devant la CPI
pour crimes contre l’humanité
(Francisco Rodríguez Aranega / Radio Havane)

Des organisations non gouvernementales et le sénateur de gauche Iván Cepeda ont déposé une plainte devant la Cour pénale internationale  et le Conseil de sécurité de l’ONU contre le gouvernement du président colombien Iván Duque. Ils plaident la responsabilité du gouvernement pour crimes contre l’humanité survenus lors des manifestations de la Grève nationale.

La brutale répression des manifestants a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. Photo: Resumen Latinoamericano

La plainte est signée par les ONG Temblores, le Groupe de travail sur les disparitions forcées de la Coordination Colombie-Europe-États-Unis, le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques et la Corporation collective socio-juridique Orlando Fals Bord. Outre le président colombien, le rapport désigne le ministre de la Défense, Diego Molano, le commandant de l’armée, le général Eduardo Zapateiro, et le directeur général de la police, Jorge Luis Vargas, comme «les principaux responsables» de la répression contre les manifestants. (…)

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Colombie : une révolte à la chilienne est en marche
 (Patrick Piro / Politis)

Sebastián Barros / Nurphoto via AFP

Depuis le 28 avril, les mouvements sociaux et la jeunesse protestent dans la rue contre la politique du président Duque, malgré une répression féroce de la police qui a fait plusieurs dizaines de morts. Un pouvoir dans l’aveuglement et le mépris, une étincelle, et c’est l’explosion sociale : depuis deux semaines, la Colombie est en éruption. Fin avril, le président Ivan Duque (droite conservatrice) présentait le projet d’augmenter les impôts et les taxes sur les services publiques afin de regonfler le budget de l’État, déprimé par une crise économique aggravée par la pandémie de covid. Alors que le pays s’épuise dans cette lutte, avec une mortalité équivalente à celle de la France, les experts avaient pourtant averti du risque politique d’une telle mesure à ce moment, pour un Duque dont la cote de popularité est tombée à 33 %. Enfermé dans sa bulle depuis des mois, il a passé outre. Alors que la crise sanitaire a augmenté le taux de pauvreté de plus de 40 %, avec désormais 7 millions de personnes en situation de « pauvreté absolue » (pour 50 millions d’habitant·es), et porté le chômage à près de 17 % (contre 10 % en 2019), la réforme se proposait de ponctionner jusqu’aux plus basses couches de la classe moyenne, tout en épargnant largement les hauts revenus ainsi que les grandes entreprises, parfois grassement enrichie par la crise.

En grève aussi contre les violences policières

Le 28 avril, les centrales syndicales frappaient forts, lançant un mouvement de grève nationale dans tout le pays. Elles ont été suivies par des mouvements autochtones et issus du milieu de l’éducation, de la santé, etc., ainsi que des jeunes en nombre. Quatre jours plus tard, Duque retirait son projet. Mais le geste n’a pourtant pas stoppé la mécanique de la colère sociale.

Car elle s’alimente désormais de protestations contre l’extrême violence de la police, qui a semé la mort au sein de manifestations pacifiques, parfois avec le soutien de milices privées. C’est la confusion autour des chiffres. Après deux semaines de heurts, les canaux officiels annonçaient des centaines de blessés et 27 morts, les ONG locales presque deux fois plus, y compris au sein des forces de l’ordre. (…)

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Les manifestations continuent au 15ème jour de la crise sociale
Rencontre avec des figures de la contestation
(reportages de France 24)



La pandémie est venue exacerber des inégalités déjà intolérables 
(Christophe Ventura / Jonathan Baudoin /
Quartier Libre- QG- Le média libre)


Depuis le 28 avril dernier, un mouvement social de grande ampleur a pris forme en Colombie contre une réforme fiscale visant les classes populaires et moyennes, et faisant émerger des revendications contre la politique libérale et austéritaire du président Iván Duque, élu en 2018, dans un contexte sanitaire qui pèse sur des structures économiques et sociales inégalitaires. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique latine, livre pour QG son analyse de la situation au sujet d’une Colombie où la violence est profondément ancrée, avec un rôle prépondérant de l’armée, de la police et des groupes paramilitaires contre les mouvements sociaux, les syndicats et les partis de gauche.

QG : Si la série de manifestations en cours depuis le 28 avril, qui a déjà fait officiellement au moins 27 morts, – certaines ONG parlent de 37 -, et 850 blessés, a pour origine une réforme fiscale, y a-t-il d’autres facteurs explicatifs de cette tension sociale extrême en Colombie ?

Christophe Ventura : Comme souvent, pour ne pas dire toujours, cette explosion sociale part d’un élément déclencheur et engendre la constitution un mouvement plus large, selon le principe bien connu de la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ici, il s’agit de la réforme fiscale, que vous venez de mentionner. Mais, en réalité, ce mouvement cristallise une pluralité de mécontentements et de colères, et est pluricausal. Il est constitué de secteurs divers de la société colombienne, qui se regroupent autour d’une série de revendications qui, aussi diverses soient-elles, ont pour rapport commun l’expression de la question sociale, qui est au cœur des revendications. On va retrouver des organisations syndicales, des associations, des partis politiques, des gens qui ne sont pas organisés – beaucoup – mais qui rejettent tous les politiques du gouvernement d’Iván Duque, associées à l’aggravation de problèmes concrets pour une part importante de la population : déclassement social, baisse des revenus, faim, etc. 

Depuis son élection en 2018, le président de droite colombien a une feuille de route tout à fait claire. C’est celle de l’orthodoxie libérale en économie comme on connaît en Europe, avec des « réformes structurelles », une réduction des dépenses publiques, etc. Au départ, comme en France, une réforme des retraites avait provoqué en 2019 un grand mouvement social en Colombie, avant l’arrivée de la pandémie. Il y avait déjà eu au même moment la mise en place du premier chapitre de la réforme fiscale dont on reparle aujourd’hui, consistant en l’adoption de tout un ensemble de mesures fiscales favorables pour les entreprises et les investisseurs. Puis la deuxième partie de cette réforme fiscale, celle d’aujourd’hui donc, qui a provoqué la réaction de la société. Cette fois-ci, il s’agit d’augmenter et d’élargir les impôts indirects, – la TVA notamment, l’impôt le plus injuste – et celui sur les revenus, l’ensemble pesant directement  sur les classes populaires et les classes moyennes. La troisième partie de cette feuille de route, si elle a un jour lieu, devrait être une réforme organisant une flexibilisation accrue du marché du travail en Colombie. C’est face à tout cela que ce mouvement s’est levé, ou disons est revenu, puisqu’il était déjà là en 2019, avant la pandémie. (…)

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Échec des négociations entre manifestants et l’exécutif
(Antoine Fenaux / France 24)


Une répression farouche contre une grève
qui vise des politiques qui précarisent la vie…
(Entretien avec Bety Ruth Lozano / Verónica Gago /

Página 12 – Argentine – Traduction par À l’Encontre)

Crédit Photo DR

Depuis Cali, l’épicentre de la révolte et du déchaînement répressif, Betty Ruth Lozano – professeure d’université et leader afroféministe – décrit ce qui se passe et appelle l’attention de la communauté internationale. Depuis le 28 avril, la Colombie est en grève et la grève ne s’arrête pas, comme l’indique le hashtag devenu viral pour rendre compte d’un processus qui a débordé même les organisations qui l’ont convoquée. Elles imaginaient qu’elle ne durerait qu’un jour. Elle a commencé comme une épreuve de force contre la contre-réforme fiscale et la contre-réforme de la santé promues par le président ultra-néolibéral Iván Duque, décidées en pleine la crise pandémique. Mais la grève s’est répandue car répondant un «appel massif» dans les grandes et petites villes, fonctionnant comme un catalyseur d’un mécontentement plus profond.

Nous publions ici une partie de la conversation organisée par le collectif NiUnaMenos avec l’enseignante universitaire et militante afroféministe Bety Ruth Lozano. Avec deux collègues, Gloria et Cristina, du syndicat des enseignants, elles font un rapport depuis la ville de Cali, l’épicentre du soulèvement et aussi du déchaînement répressif qui a fait des morts, des disparitions, des viols et des centaines de blessés. Il est urgent d’arrêter le massacre en Colombie, disent les organisations syndicales, féministes, indigènes, paysannes, lgbtqi, afro et populaires des bidonvilles qui, en état d’alerte et sans quitter la rue, exigent une condamnation internationale. Les images qui circulent depuis des jours sont celles d’une guerre au sens littéral: hélicoptères tirant depuis le ciel, rues illuminées par des éclats de grenades, gaz lacrymogènes et tanks occupant les routes. Et pourtant, l’indignation ne s’arrête pas.

Comment la protestation qui a débuté le 28 avril s’est-elle intensifiée?

La grève a commencé pour un jour mais s’est poursuivie et la répression a été très forte les 29 et 30 avril. Le 1er mai, jour de la fête du travail, il y a eu une marche historique, estimée à plus d’un million de personnes rien qu’à Cali. En fait, les organisateurs de la grève ont appelé à une mobilisation virtuelle et les gens ont ignoré l’appel et sont descendus dans la rue et se sont mobilisés. Il y a de multiples points de blocage dans toute la ville et aussi à Bogotá et à Medellín. L’escalade a été très rapide au niveau national. La mobilisation n’est pas seulement contre la contre-réforme fiscale qui fait peser plus d’impôts sur les plus pauvres et la classe moyenne, elle se fait aussi face à la contre-réforme de la santé en cours au Congrès, ainsi que contre un ensemble de politiques publiques qui précarisent la vie.

Deux éléments structurent le mouvement de ces journées. La première est l’intercommunication instantanée dont disposent les jeunes. Ceux d’entre nous qui appartiennent à une autre génération se trouvent en troisième ligne; nous sommes principalement des femmes qui transportent de l’eau et des médicaments. L’autre élément réside dans le fait que les jeunes sont ceux qui ont directement vécu les conséquences économiques et émotionnelles de la pandémie: l’enfermement, le chômage de leurs parents, leur propre chômage, les protestations pour pouvoir aller à l’université, les situations de santé mentale dues au stress, au confinement et à la pauvreté. Cela reprend ce qui a été vécu en 2019 lorsque, comme au Chili, au Pérou et en Équateur, la population et les mouvements sociaux se réveillaient face aux conséquences du modèle néolibéral de paupérisation et d’extermination, mais qui est désormais approfondi par le virus. Comme le disait l’un des slogans: «Nous ne nous soucions même pas de perdre la vie, car ils nous ont déjà tellement pris qu’ils nous ont enlevé notre peur.»

L’une des plaintes répétées est que l’internet est coupé dans les zones de protestation afin d’empêcher les transmissions documentant, en temps réel, la répression de l’État.

La grève a commencé pour un jour mais s’est poursuivie et la répression a été très forte les 29 et 30 avril. Le 1er mai, jour de la fête du travail, il y a eu une marche historique, estimée à plus d’un million de personnes rien qu’à Cali. En fait, les organisateurs de la grève ont appelé à une mobilisation virtuelle et les gens ont ignoré l’appel et sont descendus dans la rue et se sont mobilisés. Il y a de multiples points de blocage dans toute la ville et aussi à Bogotá et à Medellín. L’escalade a été très rapide au niveau national. La mobilisation n’est pas seulement contre la contre-réforme fiscale qui fait peser plus d’impôts sur les plus pauvres et la classe moyenne, elle se fait aussi face à la contre-réforme de la santé en cours au Congrès, ainsi que contre un ensemble de politiques publiques qui précarisent la vie. (…)

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Un déchaînement de violence digne d’une dictature
(Rosa Moussaoui / L’Humanité)

Arrestation d’un manifestant à Cali, le 10 mai. Luis Robayo / AFP

Syndicats, étudiants et mouvements sociaux appellent ce mercredi à une nouvelle journée de mobilisation contre la politique du gouvernement. Depuis le 28 avril, 47 personnes ont été tuées, dont 35 dans la seule ville de Cali. Après les insultes, les coups, les tirs, les tanks, le « dialogue » mis en scène par le président colombien, Iván Duque, pour tenter d’éteindre la crise sociale a fait long feu. Lundi, après quatre heures de réunion, les représentants du comité de grève, qui rassemble centrales syndicales, organisations étudiantes et mouvements sociaux, sont sortis du palais Nariño en appelant à une nouvelle journée d’action ce mercredi. « Nous demandons que le droit constitutionnel à la manifestation pacifique soit respecté », a prévenu Jennifer Pedraza, porte-parole des étudiants.

Il faut dire que le bilan de la répression depuis le début du mouvement populaire, le 28 avril, est effroyable, sombre miroir de l’impitoyable guerre sociale que livre au peuple colombien l’ultradroite d’Iván Duque et de son mentor, l’ex-président Alvaro Uribe. (…)

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Cali, épicentre des mouvements de protestation colombiens durement réprimés
(Marie Delcas / Le Monde)

Manifestation à Cali le 10 mai 2021. AFP / Luis ROBAYO

Dans la troisième ville de Colombie, de violents incidents ont opposé des Indiens venus soutenir la mobilisation qui a débuté le 28 avril à des commandos civils armés.

Des files de voitures s’étirent devant les pompes à essence de Cali. La troisième ville de Colombie connaît des difficultés d’approvisionnement en combustible depuis plusieurs jours, tandis que, dispersés en petits groupes, les manifestants bloquent les principales voies d’accès. La mobilisation qui dure depuis treize jours ne donne pas de signe d’essoufflement. « Au lieu d’écouter le peuple, le gouvernement lui tire dessus, s’indigne Daniel, 23 ans. Alors le peuple reste là. » Dimanche 9 mai, les autorités ont annoncé un renforcement de la présence militaire et la fermeture des « frontières » du département du Valle del Cauca, dont Cali est le chef-lieu, jusqu’au 15 mai.

À Bogotá, le Comité national de grève et le gouvernement se sont assis, lundi, à la table des négociations pour la première fois depuis le début du mouvement social. Ils se sont levés, quatre heures plus tard, sans avancée aucune. À la sortie de la réunion, le Comité – qui réunit syndicats, organisations sociales et leaders étudiants – a appelé les Colombiens à une nouvelle journée de mobilisation le 12 mai. (…)

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En Colombie, la violence monte encore d’un cran à Cali
(Anna Proenza / Libération)

Intervention de policiers motorisés à Cali, dans le quartier de Ciudad Jardín. (Reuters_

Selon de nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des groupes de civils armés, auxquels s’étaient mêlés parfois des policiers, ont tiré sur les manifestants. Notamment sur les membres de la Garde indigène, une organisation pacifique.

L’alerte est tombée dimanche après-midi. «SOS. C’est un SOS. Ils tirent sur la Garde indigène de manière indiscriminée. Il y a déjà six blessés, il semble que ce sont des membres des forces de l’ordre vêtus en civils et aussi des gens de pouvoir, des classes les plus riches, ce sont eux qui tirent […]. Il faut alerter le monde» :le message est signé Ferley Quintero, l’un des membres de la direction du Conseil régional indigène du Cauca, la puissante organisation qui regroupe les indigènes du sud-ouest de la Colombie.

Samedi, Libération l’avait interviewé par téléphone pour faire le point sur la situation des Amérindiens mobilisés à Cali, la troisième ville du pays, venus apporter leur soutien aux manifestants qui protestent contre les politiques d’Iván Duque depuis près de deux semaines. Cela fait plusieurs jours que Cali, 2,2 millions d’habitants, principale ville du sud-ouest du pays et réputée pluriculturelle, est paralysée. L’essence a commencé à manquer et les rayons des supermarchés se vident.

Selon de nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des groupes de civils armés, auxquels s’étaient mêlés parfois des policiers, ont tiré sur les manifestants dans le quartier chic de Ciudad Jardín non loin de l’université del Valle, la faculté publique qui accueille les Amérindiens dans le sud de la ville. Dimanche soir, on dénombrait au moins neuf blessés.A lire aussi

L’attaque est toute symbolique. La Garde indigène, qui fête ses 20 ans cette année, est par essence pacifique. Ses membres sont armés de seuls bâtons de commandement et appelés en première ligne à protéger les populations. La garde est composée d’hommes, de femmes et d’enfants à partir de 14 ans. Pour en faire partie c’est une question «d’éducation et d’esprit», explique Roberto Molina, l’un de ses coordinateurs. Depuis 2019, son hymne – dont le cri «Guardia, Guardia ! Fuerza, Fuerza  – retentit dans toutes les mobilisations. Il y a quelques jours, la Garde indigène a arrêté un policier en civil infiltré dans les manifestations avant de le remettre aux autorités. (…)

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Témoignage glaçant d’un français sur place (Blast)

“Il y a trop de morts, trop de disparus, trop de blessés. Au Chili, il y a eu 34 morts en 150 jours, en Colombie en une semaine il y a eu 37 morts, 222 cas de violences physiques, 831 arrestations arbitraires, 22 blessures à l’œil… La situation est vraiment horrible, c’est un peuple qui se bat seul contre des forces inimaginables. Les gens en ont marre, les gens veulent la paix, et c’est ça qui est incroyable, ils se battront jusqu’à la mort pour cette paix.”


Les nazis sont parmi nous !
(Gérard Fenoy / Diagonales)

Photo AFP

La répression d’une violence inédite qui s’abat sur les participants à la grève nationale commencée le 28 avril indigne tous les amis de la Colombie et de l’Amérique Latine : les autorités reconnaissent une trentaine de morts; les ONG des Droits Humains annoncent plusieurs centaines de disparitions, des milliers de blessés, des viols dans les casernes, le vol à grande échelle des téléphones portables, sacs à main et autres pièces d’identité etc. Ce que nous appelons en France des « bavures policières » est devenu en Colombie le nec plus ultra de la stratégie anti-manifestation. Des motos sans immatriculation tirent dans la foule et disparaissent dans la plus totale impunité ; des étudiants sont tabassés sans pitié à un contre quatre ; on remarque comme au Chili des blessés éborgnés ; impossible de savoir où se trouvent les étudiantes arrêtées… Bref une stratégie de la terreur. Les Forces Armées et la Police colombiennes ont osé mettre en pratique les théories d’Alexis López, officiellement invité à une série de conférences par l’État-Major il y a quelques semaines. Le point de départ en est la « Revolucion molecular disipada », qui expliquerait la multiplicité des protestations : au lieu d’avoir plusieurs fronts de guérillas, l’opposition au gouvernement démocratiquement élu organiserait dans toutes les villes, les quartiers et les villages des défilés contre les autorités. Pas d’autorité centrale ; pas de hiérarchie ; une floraison d’initiatives locales, résultat d’un complot secret, que l’on ne saurait réduire que par la terreur. (…)

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Grève générale en Colombie et répression policière 
(entretien avec Viviana Viera, activiste / Ritimo)

Depuis le 28 avril 2021, les Colombiennes et les Colombiens sont à nouveau dans les rues, cette fois contre le projet de réforme fiscale du président de droite Iván Duque. Face à des mouvements sociaux massifs, la répression est brutale : des dizaines de morts et des centaines de blessé·es à travers tout le pays. Malgré le retrait du projet de loi, les rues ne désemplissent pas : c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase dans un contexte de crise sociale, économique et politique insoutenable.

Pour mieux comprendre ce qui se joue en ce moment, Ritimo a posé quelques questions à Viviana Viera, activiste colombienne. Elle nous parle de la situation socio-économique dans son pays, de l’indignation contre l’impunité de la classe politique, du rôle des médias et de la solidarité internationale, etc.

Écouter le postcast ci-dessous ou ici


La Colombie est une dictature déguisée en démocratie
interview de Gustavo Bolívar / Guylaine Roujol Perez  / Le Parisien

Le leader colombien Gustavo Bolivar, numéro 2 du parti de la Colombie Humaine, analyse la crise actuelle qui secoue la Colombie.

Gustavo Bolívar, sénateur du parti dirigé par Gustavo Petro, arrivé second à l’élection présidentielle de 2018 face à l’actuel président Iván Duque, est un des leaders d’opposition les plus en vue appelant les Colombiens à manifester. Malgré les menaces qui pèsent sur lui et l’obligent à se déplacer avec des gardes du corps, il a participé à la marche du 28 avril. Dans un pays gangrené par la corruption, cet auteur à succès est le seul sénateur à reverser intégralement son salaire à des œuvres sociales et à un média digital, Cuarto de hora. Nous l’avons interrogé au sujet de la crise qui secoue son pays.

Notre pays est dominé depuis la conquête espagnole par un bipartisme d’élite qui n’a jamais tenu compte des Indigènes, des afros, des paysans, des leaders sociaux. Un mouvement social est né depuis très longtemps pour qu’on reconnaisse leurs droits. Quand Ivan Duque a été élu, les grands intérêts économiques ont financé la campagne de la moitié des membres du Congrès, ce qui leur permet de faire voter des lois les favorisant, réformes fiscales, exemptions d’impôts… En 2019, la Loi de financement a baissé les impôts pour les riches, au prétexte soi-disant de créer des emplois. Cela a coûté au pays 20,5 billions de pesos (…)

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Voir des images de quelques rassemblements de solidarité avec le peuple colombien ce week-end en France ici


Halte à la répression – Pour le respect de l’application des accords de paix (déclaration de cent élu.e.s français.es)


Voir également nos revues de presse précédentes et les communiqués de solidarité de France Amérique Latine
– Colombie : violence économique et répression en pleine pandémie /
– FAL solidaire du peuple colombien en lutte. Les institutions françaises et européennes doivent exiger l’arrêt de la répression
– Mobilisations et répression en Colombie (revue de presse fr./esp.)
– Colombie : “paro nacional” du 28 avril 2021. Multiples manifestations contre un projet de réforme fiscale