🇭🇹 Haïti : Nouvelle vague de violence / Phrase polémique d’Emmanuel Macron (revue de presse)


Ce week-end, en Haïti, le Conseil présidentiel de transition a limogé le Premier ministre en place depuis le mois de juin, Gary Conille, pour le remplacer par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé. Mais une nouvelle vague de violence entre gangs dévaste le pays. Par ailleurs, dans une vidéo tournée en marge du G20 avant son départ vers le Chili en dehors de la présence de la presse, le président français a déclaré que ce sont «les Haïtiens qui ont tué Haïti», une phrase qui soulève l’indignation.

1er novembre 2024, Journée du vaudou haïtien gede sous le contrôle de gangs armés à Port-au-Prince Haïti. ©AFP – Patrice Noel / ZUMA Press Wire

Haïti : les gouvernements se succèdent, les gangs demeurent (entretien avec Frédéric Thomas – CETRI / France Culture)

Cet affrontement entre différents camps politiques se déroule alors qu’une nouvelle vague de violence entre gangs dévaste le pays. Il y a quelques semaines, un nouveau massacre affichait un bilan de plus de cent morts dans la localité de Pont-Sondé. Le cycle de violence en Haïti peut-il être endigué par une nouvelle donne politique ?

Le chaos qui touche le pays caribéen semble inarrêtable et encore moins maîtrisable par l’action des autorités actuelles. Port-au-Prince est isolée du reste du monde, et les gangs armés contrôlent plus de 80% de la capitale. Pour Frédéric Thomas, l’arrivée d’Alix Didier Fils-Aimé n’augure pas d’un grand changement : “Le Conseil présidentiel de transition a été institué dans l’urgence pour endiguer les violences et permettre la tenue d’élections en 2025. Pourtant, ces violences n’ont cessé d’augmenter. L’opacité entourant les activités des membres de ce conseil interroge, dans la mesure où certains ont déjà eu des liens avec certains groupes armés.” (…)

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Menacée, l’ONG Médecins sans frontières suspend ses activités à Port-au-Prince (RFI / AFP)

Un chauffeur de taxi repose sur sa moto contre la façade d’une clinique de Médecins sans frontières à Port-au-Prince, le mercredi 13 novembre 2024. AP – Odelyn Joseph

Médecins sans frontières suspend à compter de ce mercredi 20 novembre ses activités à Port-au-Prince. La conséquence d’une insécurité grandissante, qui survient après des attaques répétées contre les personnels de l’ONG dans la capitale assiégée par les gangs.

Voilà un signe supplémentaire de la dégradation de la sécurité en Haïti. Pour Médecins sans frontières, la décision était inéluctable, prise sous la contrainte, qui marque sans doute un tournant dans l’histoire de MSF en Haïti. Présente dans le pays, depuis 30 ans, Médecins sans frontières avait déjà temporairement stoppé l’activité de l’un de ses cinq centres dans la capitale, Port au prince. Elle se voit aujourd’hui contrainte de mettre à l’arrêt l’ensemble de ses structures jusqu’à nouvel ordre.

MSF justifie sa décision par des attaques répétées. La semaine dernière, par exemple, une de ses ambulances a été prises pour cible, deux patients ont été tués et le personnel agressé. Une attaque qui fut le point de départ d’autres incidents, impliquant selon MSF les forces de sécurité haïtiennes, et notamment la police. (…)

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Violences en Haïti : au moins 150 morts en une semaine dans la capitale, Port-au-Prince, dénonce l’ONU (Le Monde / AFP)

Ce nouveau bilan porte le nombre de morts causés par la violence des gangs en Haïti depuis le début de l’année à plus de 4 500. Par ailleurs, plus de 2 000 personnes ont été blessées, et 700 000 personnes sont maintenant déplacées à l’intérieur du pays, selon l’ONU.

Les violences dans la capitale de Haïti, Port-au-Prince, ont fait au moins 150 morts en une semaine, s’est inquiété mercredi 20 novembre le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dénonçant « la violence des gangs »« Au moins 150 personnes ont été tuées, 92 blessées et quelque 20 000 ont dû fuir leur domicile au cours de la semaine » du 11 novembre, a-t-il souligné, dans un communiqué des Nations unies.

Ce nouveau bilan porte le nombre de morts à 4 544, et à 2 060, celui de blessés, en Haïti depuis le début de l’année, selon l’ONU, qui souligne que le véritable bilan est « probablement plus élevé ». L’ONU précise qu’environ 700 000 personnes sont maintenant déplacées à l’intérieur du pays, dont la moitié sont des enfants.

« La dernière flambée de violence dans la capitale haïtienne est un présage du pire à venir, estime M. Türk dans ce communiqué. La violence des gangs doit être stoppée rapidement. Haïti ne doit pas sombrer davantage dans le chaos », a-t-il ajouté. (…)

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Macron juge les dirigeants haïtiens “complètement cons”: vive protestation d’Haïti (TV5Monde)

Le président Emmanuel Macron a jugé les responsables d’Haïti “complètement cons” d’avoir limogé il y a dix jours leur Premier ministre, s’attirant les foudres de Port-au-Prince qui a protesté auprès du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot et convoqué son ambassadeur.

Emmanuel Macron en conférence de presse en marge de la réunion des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro, le 19 novembre 2024 AFP  Ludovic Marin

Tout est parti d’une vidéo tournée mercredi en marge du sommet du G20 à Rio, en dehors de la présence de la presse, et qui a circulé sur les réseaux sociaux. M. Macron quittait alors le Brésil pour le Chili. Dans cette vidéo, le chef de l’État répond, selon son entourage, à un Haïtien qui l’interpelle “de manière insistante” en l’accusant lui et la France “d’être responsables de la situation en Haïti”.

“Là franchement, c’est les Haïtiens qui ont tué Haïti, en laissant le narcotrafic”, lui répond Emmanuel Macron. “Et là, ce qu’ils ont fait, le Premier ministre était super, je l’ai défendu, ils l’ont viré!”, ajoute-t-il en référence au limogeage le 10 novembre du chef du gouvernement Garry Conille, nommé cinq mois plus tôt, par le Conseil présidentiel de transition haïtien (CPT). “C’est terrible. C’est terrible. Et moi, je ne peux pas le remplacer. Ils sont complètement cons, ils n’auraient jamais dû le sortir, le Premier ministre était formidable”, poursuit-il avant que la vidéo s’interrompe.

Les autorités d’Haïti, pays pauvre des Caraïbes en plein chaos politique, socio-économique, sécuritaire et humanitaire, ont vivement réagi. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste a convoqué jeudi l’ambassadeur de France Antoine Michon et protesté contre les “propos jugés inacceptables” du président Macron, selon un communiqué officiel obtenu par l’AFP. Port-au-Prince a exprimé “l’indignation du Pouvoir de Transition face à ce qu’il considère comme un geste inamical et inapproprié qui mérite d’être rectifié” et “une lettre de protestation adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a été remise à l’ambassadeur” Michon. (…)

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Voir également : Haïti : ce qu’il faut savoir après la mort d’au moins 28 membres de gangs à Port-au-Prince (Benjamin König / L’Humanité / article réservé aux abonné·es

Pour rappel, voir :
En Haïti, le conseil de transition limoge le premier ministre (Le Monde / AFP)
Reportage exclusif en Haïti : à Port-au Prince, capitale assiégée par les gangs (Catherine Norris-Trent et Roméo Langlois /France 24)
Haïti face à la violence des gangs (entretiens avec Frédéric Thomas et Jean-Marie Théodat / reportage / France 24)