En Haïti, les femmes dans la crainte de violences sexuelles depuis le séisme (Isabelle Mourgere / Terriennes / TV5)


Outre les 2200 victimes et les destructions, le séisme du 14 août en Haïti a plongé des centaines de femmes dans une grande situation de fragilité. Dans les camps de fortune où elles sont réfugiées, la promiscuité fait craindre une recrudescence de violences sexuelles, comme à l’issue du tremblement de terre de 2010.

©AP Photo / Matias Delacroix

On n’est pas en sécurité.” Dans un camp de fortune qui lui sert de refuge depuis l’effondrement de sa maison, Vesta Guerrier exprime une peur commune à de nombreuses Haïtiennes, que le séisme du 14 août a rendues extrêmement vulnérables. Sous un fragile assemblage de draps et de bâches en plastique, elle vit avec son mari et leurs trois enfants dans le dénuement le plus total sur la pelouse d’un stade de football appelé Gabions, dans la ville des Cayes.

Déjà traumatisée par la destruction de sa maison sous l’effet de la secousse de magnitude 7.2 qui a ébranlé ce pays pauvre des Caraïbes, elle ne se sent pas protégée. “N’importe quoi peut nous arriver”, lâche Vesta Guerrier, 48 ans. “Le soir surtout, n’importe quelle personne entre sur le terrain.” Plus que tout, elle craint d’être victime de violences sexuelles, terriblement fréquentes après le séisme de 2010 qui avait dévasté Haïti, et forcé des centaines de milliers de personnes à se réfugier dans des camps.

Danger et promiscuité 

Dans le camp Gabions, où 200 réfugiés doivent vivre dans la promiscuité, préserver son intimité relève de l’impossible. Vesta Guerrier confie ne jamais se dénuder totalement pour se doucher, et toujours attendre que le soleil soit couché pour faire sa toilette. Mais “il se peut qu’une lumière vienne se projeter sur moi et là je ne sais pas si la personne qui m’éclaire est quelqu’un qui vit ici avec nous ou si c’est quelqu’un de l’extérieur qui veut faire ce qu’il veut”, témoigne-t-elle avec pudeur.

Alors que les quatre toilettes installées sont devenues inutilisables faute d’entretien, Vesta Guerrier dit “souffrir même si on veut uriner, parce que tout le monde nous regarde de tous les côtés”. “Seules les filles peuvent comprendre ce que je vous dis : nous les femmes et les petites qui sont sur le terrain, on souffre beaucoup”, soupire-t-elle, les traits tirés. Ayant entendu des bribes de son témoignage, deux jeunes hommes se déclarant membres d’un comité d’organisation du camp s’empressent de déclarer que Vesta Guerrier ne comprend pas la situation. Mais loin des oreilles de ces dirigeants auto-déclarés, d’autres sinistrées du camp Gabions témoignent elles aussi de leurs craintes. “On a peur, on a vraiment peur pour nos enfants. On a besoin de tentes pour retourner vivre chez nous en famille”, demande Francise Dorismond, enceinte de trois mois. (…)

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