Pérou: l’élection de Pedro Castillo est contestée par son adversaire (revue de presse)


L’incertitude se poursuit au Pérou. Cinq jours après le second tour de l’élection présidentielle, le pays n’a toujours pas de nouveau président élu. L’écart entre les deux candidats était jusqu’ici trop serré pour déclarer un vainqueur.

Dans le pays le plus durement touché au monde par la pandémie de Covid-19, avec 5 700 morts par million d’habitants, Pedro Castillo, le candidat de gauche, a su catalyser une profonde aspiration au changement parmi les populations défavorisées et dans les zones rurales de l’intérieur du pays. Il a recueilli 50,2% des suffrages, mais sa rivale de droite Keiko Fujimori a déposé des recours pour fraude. Leur examen retarde la proclamation officielle du vainqueur. La possibilité d’un renversement du résultat est infime mais dans ce contexte tendu, les partisans des deux candidats sont plus que jamais mobilisés. 

Pedro Castillo à Lima le 8 juin 2021. REUTERS/Sebastián Castañeda

Ce vendredi 11 juin, le Pérou ne connaît pas encore le nom
du nouveau président issu des élections de dimanche dernier
(Espaces Latinos)

Photo : El País

Le candidat de la gauche, Pedro Castillo, s’estime vainqueur de la présidentielle au Pérou, après le dépouillement de 99,82 % des bulletins. Selon le décompte officiel, il possède mercredi 67 000 voix d’avance. La candidate Keiko Fujimori réclame la vérification de deux cent mille votes. Les deux vainqueurs surprise du premier tour (11 avril), parmi les 18 candidats, avaient pourtant tous deux assurés qu’ils respecteraient le verdict des urnes. 

Si l’Office National des Processus Électoraux (ONPE) n’avait toujours pas officiellement proclamé les résultats, M. Pedro Castillo affirme que ses observateurs dans les bureaux de vote considèrent sa victoire acquise. Les jurys électoraux ont entamé jeudi le lent processus de révision des bulletins contestés, dernier espoir pour Mme Keiko Fujimori de renverser l’avance que le lent décompte donne à son rival. 

Selon ces audiences retransmises à la télévision, il s’agit le plus souvent de bulletins avec des cases cochées au mauvais endroit ou l’utilisation d’une encre non-autorisée. Leur étude minutieuse retardera d’autant plus le résultat final, l’attente étant déjà rendue longue par la lente arrivée à l’ONPE des feuilles d’émargement de centres de vote dans des zones reculées de la jungle amazonienne, ou celles du million d’électeurs qui ont voté à l’étranger. 

Aucun pays n’a officiellement reconnu le succès de M. Castillo. Seul l’ex-président bolivien, Evo Morales, a adressé ses « félicitations pour cette victoire, qui est la victoire du peuple péruvien mais aussi du peuple latino-américain qui veut vivre avec la justice sociale ! », voyant en M. Castillo un « frère d’âme et un compagnon de lutte» . Pour sa part, le président argentin Alberto Fernández a déclaré ce jeudi soir son choix de voir gagner le candidat Castillo… 

L’armée appelle « au respect » 

Lundi, Keiko Fujimori a dénoncé des « irrégularités» , des « indices de fraude » et « une claire intention de saboter la volonté du peuple» . Environ 200 de ses partisans se sont rassemblés mardi devant le siège de l’ONPE. « Non au communisme déguisé« , indiquait une banderole. Les forces armées péruviennes ont exhorté mercredi « tous les Péruviens à respecter les résultats du processus électoral » et se sont engagées « à respecter la volonté des citoyens exprimée dans les urnes» . 

Selon la politologue péruvienne Jessica Smith, de l’Université centrale du Chili, « les contestations des résultats des bureaux de vote vont être cruciales » pour décider du scrutin, même si elle a estimé que « le désespoir a déjà commencé à se répandre du côté de Keiko ». La mission d’observation de l’Organisation des États Américains (OEA) a jusqu’ici reconnu que « le dépouillement des bulletins de vote s’est déroulé conformément aux procédures officielles ».  La présidente de l’ONG Transparencia, Adriana Urrutia, a été plus loin en affirmant au quotidien El Comercio qu’« il n’y a pas de preuves qui nous permettent de parler de fraude électorale ». « Mensonges, mensonges, toujours la même chose : Fujimorisme« , titrait tôt mercredi matin un communiqué de Perú libre, soulignant que « la vieille pratique du Fujimorisme en matière de fraude électorale n’est pas un secret ». 

Retour à la case prison ? 

Une défaite aussi rapide serait pour Mme Fujimori une nouvelle immense désillusion. Déjà en 2016, elle s’était inclinée face à Pedro Pablo Kuczynski sur une marge infime de 42 597 voix sur plus de vingt millions d’électeurs (50,12 % contre 49,88 %). Elle avait vivement contesté le résultat, criant à la fraude, avant de reconnaître bien plus tard « une erreur« . Si elle perd pour la troisième fois au second tour, après la défaite plus nette de 2011 (51,4 % contre 48,4 %) où il a tout de même fallu 10 jours pour que le résultat soit officialisé, elle pourrait se retrouver de nouveau en prison.  (…)

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Comprendre la situation au Pérou en cinq minutes
(Romain Migus / Les deux rives)


Des veillées citoyennes pour «défendre la démocratie»
(Wyloën Munhoz-Boillot / RFI)

Manifestation de partisans du candidat Pedro Castillo à la présidentielle péruvienne, à Lima le 9 juin 2021.
Manifestation de partisans de Pedro Castillo à Lima le 9 juin 2021
AP – Martin Mejia

À 99% des bulletins dépouillés, Pedro Castillo (50,2%) est en tête avec 70 000 voix d’avance sur son adversaire Keiko Fujimori (49,7%). Mais cette dernière conteste cette avance et a demandé mercredi 9 juin l’invalidation de 200 000 bulletins de vote devant le tribunal électoral péruvien.

Des centaines de partisans de Pedro Castillo étaient réunis devant son quartier-général à Lima mercredi soir, au moment où Keiko Fujimori a annoncé qu’elle contestait certains bulletins de vote. Une déclaration immédiatement condamnée par les soutiens du candidat.

« La candidate de la mafia organisée et de la corruption veut faire annuler des milliers de vote que Pedro Castillo a légitimement acquis. Mais nous sommes là aujourd’hui pour rappeler aux organismes électoraux qu’ils doivent faire respecter la volonté du peuple. »

Dès lundi, anticipant sa probable défaite, Keiko Fujimori avait déjà dénoncé de supposées fraudes sans en apporter la preuve. Depuis, des partisans de Pedro Castillo, venus des quatre coins du pays, organisent des « veillées citoyennes » et campent devant les organismes électoraux dans le centre de Lima pour défendre leur vote et leur candidat.

« On veille ici depuis des jours sans boire ni manger pour faire entendre la voix du peuple qui a élu Pedro Castillo comme président », témoigne Flor. « Madame Fujimori ne veut pas accepter sa défaite, mais le peuple a voté pour Pedro Castillo et nous allons rester ici pour défendre la démocratie », soutient Luis. (…)

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Présidentielle au Pérou : le résultat se fait attendre
(François-Xavier Gomez / Libération)

Le candidat de gauche Pedro Castillo a recueilli 50,2% des suffrages, mais sa rivale de droite Keiko Fujimori a déposé des recours pour fraude. Leur examen retarde la proclamation officielle du vainqueur.


Quatre jours après le second tour, l’élection présidentielle n’a toujours pas de résultat officiel. Le dépouillement est pourtant terminé : l’instituteur de gauche radicale Pedro Castillo est arrivé devant la conservatrice Keiko Fujimori, avec 50,2 % des suffrages, soit 71 000 voix d’écart. L’homme au crayon (le logo de son parti) a proclamé sa victoire dès mardi soir en affirmant devant ses partisans : «Le peuple a parlé.» Mais sa rivale crie à la fraude et a demandé mercredi l’invalidation de quelque 200 000 bulletins de vote devant le tribunal électoral, qui a entamé un lent processus de révision, retransmis en direct à la télévision.

Accusations sans preuves

Les motifs de contestation sont très divers : cases cochées au mauvais endroit, utilisation d’une encre non autorisée, absence de signature du président du bureau, ratures, chiffres illisibles… Mais la possibilité d’un renversement du résultat est infime. D’autant que Keiko Fujimori, en criant à la fraude dès lundi, lendemain du vote, n’a apporté aucun élément pour étayer ses accusations. Ce qu’elle a implicitement reconnu en demandant à ses partisans de lui envoyer des vidéos montrant ces irrégularités supposées. Sans succès jusqu’à présent. Mercredi, elle insistait en parlant de «500 000 voix» qui lui auraient été volées. La mission d’observation de l’Organisation des Etats américains (OEA) a pourtant affirmé que «le dépouillement des bulletins de vote s’est déroulé conformément aux procédures officielles».

Depuis mercredi, des centaines de partisans de Pedro Castillo sont rassemblés à Lima devant les bâtiments du Jury national des élections, l’organe de contrôle des scrutins au Pérou. Le camp fujimoriste s’est également rassemblé dans la capitale avec des banderoles «Communisme non, démocratie oui».

Vote de l’étranger

L’étude des votes litigieux pourrait retarder encore plusieurs jours le résultat final. La fille de l’autoritaire ancien président Alberto Fujimori, qui purge une peine de vingt-cinq ans de prison pour corruption et crimes contre l’humanité, était donnée en tête des sondages de sortie des urnes après la clôture du vote dimanche, une tendance qui s’est maintenue dans les premières heures du dépouillement. Mais l’arrivée des procès-verbaux des zones paysannes et majoritairement indigènes a fait passer l’instituteur en tête. (…)

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Pedro Castillo, le visage d’un nouveau Pérou
(Rosa Moussaoui / L’Humanité)

Pedro Castillo salue ses partisans à son quartier général de Lima le 7 juin 2021.
Luka Gonzáles / AFP

Tard dans la nuit de lundi à mardi, avec 96 % des procès-verbaux comptabilisés, le candidat de gauche Pedro Castillo devançait son adversaire libérale et conservatrice Keiko Fujimori au second tour de l’élection présidentielle, avec 50,28 % des suffrages.

En 2011 et 2016, elle avait été défaite sur le fil, au terme de scrutins qui avaient vu se déchirer les héritiers du fujimorisme. Ce lundi dans la nuit, même scénario : à l’heure où nous écrivons ces lignes, Keiko Fujimori, représentante d’un ultralibéralisme autoritaire, était devancée, au second tour de l’élection présidentielle péruvienne du 6 juin, par son adversaire de gauche Pedro Castillo. Après comptabilisation, au compte-goutte, des procès-verbaux venus des zones rurales acquises à l’instituteur, sur 96% des procès-verbaux comptabilisés, l’instituteur l’emportait avec 50,28% des voix.

La fille de l’ancien président Alberto ­Fujimori, qui purge actuellement une peine de vingt-cinq ans de prison pour crime contre l’humanité et corruption, jouait dans cette compétition électorale son impunité. Arrêtée par la police le 10 octobre 2018, elle a passé seize mois en détention provisoire, avant d’être libérée sous caution, le 5 mai 2020, pour entrer en campagne. (…)

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Au Pérou, un duel serré entre Castillo et Fujimori
(Amanda Chaparro / Le Monde)

Les partisans du candidat Pedro Castillo se rassemblent dans les rues au lendemain du second tour, à Lima, au Pérou, le 7 juin 2021.
Partisans de Pedro Castillo dans les rues de Lima le 7 juin 2021 
STRINGER / REUTERS

La candidate de la droite autoritaire et populiste, Keiko Fujimori, a dénoncé des fraudes, alors que les résultats partiels placent son rival de la gauche radicale, Pedro Castillo, en tête.

Les Péruviens s’attendaient à une élection serrée dimanche 6 juin. Ils n’imaginaient toutefois pas que le fauteuil présidentiel se jouerait à quelques dizaines de milliers de voix. C’est les yeux rivés sur le décompte de l’organisme électoral qu’ils ont passé les vingt-quatre dernières heures. Lundi soir, ils se préparaient à une nouvelle nuit d’attente pour connaître le visage de leur prochain président.

Donnée en tête du scrutin dimanche soir, avec 6 points d’avance, la candidate de la droite autoritaire et populiste, Keiko Fujimori, est passée derrière le candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo, en milieu de journée, lundi. En fin de journée, Mme Fujimori a convoqué une conférence de presse pour dénoncer de supposées « fraudes systématiques » : « Il existe une claire intention de saboter la volonté du peuple », a-t-elle affirmé, en montrant des photos et des vidéos. Les observateurs internationaux ont, eux, salué le bon déroulement du scrutin. L’association péruvienne Transparencia a déclaré, par la voix de sa présidente, Adriana Urrutia, qu’il n’y avait « aucune preuve » de fraude électorale. (…)

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Lima 22 mai 2021
REUTERS / Angela Ponce

Voir également nos revues de presse et analyses précédentes:
Ballotage au Pérou : la gauche peut-elle l’emporter ? (Lucas Malaspina et Marcos Doudtchitzky)
Covid-19 : le Pérou devient le pays au taux de décès le plus élevé au monde (Julien Lecot / Libération)
Une campagne électorale sous tension
– Vers un deuxième tour de l’élection présidentielle le 6 juin 2021
– Pérou: premier tour électoral dimanche 11 avril en pleine crise sanitaire