🇸🇻 Au Salvador, écologistes, catholiques et médecins contestent la reprise de l’exploitation aurifère (La Revue de presse internationale / France Culture)
Le Salvador a été le premier pays au monde à interdire en 2017 l’exploitation de mines de métaux et l’usage de produits chimiques toxiques comme le cyanure ou le mercure. Le président Nayib Bukele est revenu sur cette décision, provoquant la colère des défenseurs de l’environnement et de l’Église.

C’est un cycle infernal de pauvreté, de rêve d’El Dorado et de pollution que décrivent les journaux salvadoriens, à propos de l’extraction aurifère. Malgré les promesses du président Bukele de lancer une extraction “responsable” de métaux, comme l’or, le recteur de l’université du Salvador, dans les colonnes d’El Diario de Hoy, martèle qu’il n’existe pas d’exploitation minière “verte”, elle est pas essence néfaste pour la population, comme en attestent les études scientifiques sur les dommages causés aux écosystèmes et à la vie humaine, explique le quotidien salvadorien avec une pollution des sols, de l’eau, de l’air, causé par l’extraction de métaux. Le Salvador avait pourtant été, rappelle El País America, le premier pays au monde à interdire en 2017 toute licence ou concession de mines de métaux à ciel ouvert ou souterraines, ainsi que l’usage de produits chimiques toxiques comme le cyanure ou le mercure. “Dieu a placé un trésor gigantesque sous nos pieds”, a déclaré le président Nayib Bukele pour justifier la loi, rapporte le journal en ligne La Página. Après s’être attaqué aux gangs qui terrorisaient le pays à coups d’états d’urgence et d’arrestations massives, le président salvadorien doit relever celui du pouvoir d’achat : plus d’un quart des Salvadoriens vivent dans la pauvreté, et près de 70% des emplois sont dans le secteur informel. Mais ses critiques craignent le pire avec la reprise de l’extraction aurifère, en clair, que les intérêts économiques passent avant la santé publique.
Défenseurs de l’environnement, jeunes Salvadoriens, médecins et Eglise catholique unissent leurs forces contre l’exploitation aurifère et contre le président Nayib Bukele, précisent le quotidien salvadorien El Mundo ainsi qu’un reportage télévisé de Noticias Telemundo. Nayib Bukele, triomphalement réélu l’an dernier, a annoncé la reprise de l’extraction minière, juste avant Noël, note La Página mais c’est un cadeau empoisonné pour des centaines d’opposants salvadoriens, ajoutent l’AFP en espagnol et Canal 44. Ils ont notamment donné de la voix, dimanche dernier, dans la capitale San Salvador : “l”exploitation minière ne signifie qu’une chose pour l’avenir : ne plus avoir d’eau. Et c’est tout. Les seuls à gagner de l’argent, les seuls à avoir un intérêt dans l’extraction de métaux, ce sont les grands groupes, et non la population”, accuse un manifestant interrogé par l’AFP en espagnol. Le reportage détaille les craintes des défenseurs de l’environnement : l’extraction minière a déjà contaminé tous les affluents de la rivière Lempa, dans le nord du Salvador, des eaux utilisées par les habitants pour irriguer les cultures ou pour pêcher. Les autorités ont parlé de “50 millions d’onces d’or” exploitables, ce qui couvrirait quatre fois la dette extérieure du pays de 31 milliards de dollars. Mais pour cela, il faudrait extraire 31.000 mètres cube d’eau par jour, “de quoi approvisionner 155.000 personnes”, dans un Salvador où l’eau potable se fait rare, indique encore El Diario de Hoy. (…)
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Pour rappel, voir :
– Salvador: malgré les critiques, le président veut relancer l’exploitation aurifère (TV5 Monde / AFP) (16 décembre 2024)
– Au Salvador, la loi interdisant l’exploitation minière pourrait être remise en cause (Gwendolina Duval / RFI) (novembre 2023)
– El Salvador, primer país del mundo en prohibir la minería metálica (avril 2017)
– Salvador : l’eau plutôt que l’or (avril 2017)