🇪🇨 Amazonie : en Équateur, la communauté des Waoranis demande l’arrêt de l’exploitation pétrolière sur leurs terres (France Info / AFP)


La communauté indigène des Waoranis en Équateur s’insurge contre l’exploitation pétrolière sur leurs terres et notamment dans la réserve naturelle Yasuní, réserve mondiale de la biosphère. D’autant plus qu’en 2023, 59% des électeurs équatoriens ont voté pour l’arrêt de l’exploitation de l’un des blocs, connu sous le nom de bloc 43.

Écoulement de pétrole près du village de Guiyero Waorani dans le parc national de Yasuni, dans la province d’Orellana, Équateur, 27 août 2024 AFP Rodrigo Buendía

Dans une interview à l’AFP, mercredi 5 septembre, Ene Nenquimo, membre de la communauté indigène équatorienne des Waoranis, alerte sur l’exploitation pétrolière de leurs terres. Elle est la cousine de Nemonte Nenquimo, surnommée l’Erin Brokowitch des Waorani. Les terres concernées sont dans la réserve naturelle Yasuní, réserve mondiale de la biosphère, qui abrite 600 espèces d’oiseaux, plus de 200 espèces de mammifères et des centaines d’espèces d’amphibiens et de reptiles.

Comme sa cousine, nommée personnalité Time de l’année en 2020, Ene Nenquimo s’insurge, car aujourd’hui, les terres et leurs richesses sont menacées. Pourtant, la Constitution équatorienne reconnaît aux peuples indigènes, “la propriété collective de ces terres, en tant que forme ancestrale d’organisation territoriale”. Cependant, si l’État n’est pas propriétaire du sol, il garde tout pouvoir sur les ressources du sous-sol.

En de nombreux points, la forêt amazonienne équatorienne héberge désormais environ 80 blocs pétroliers avec leurs puits et leurs pipelines. Récemment, une fuite a contaminé le fleuve et les sources de plusieurs villages. La société pétrolière publique Petroecuador a plaidé coupable, mais ce genre de fuite se produit fréquemment, empoisonnant les sols, les animaux et les humains. (…)

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« Ça suffit » : l’indignation des peuples de l’Amazonie équatorienne face aux dégâts de l’extraction pétrolière (AFP)

Une nappe dense et huileuse recouvre en partie un estuaire de la réserve naturelle Yasuni, en Amazonie équatorienne, où le peuple indigène Waorani réclame à cor et à cri l’arrêt de l’extraction du pétrole. 

Des Indiens Waorani du village de Guiyero, dans le parc national de Yasuní, en Équateur, le 27 août 2024 / AFP – Rodrigo Buendía

“Il est temps de dire ça suffit, ils ont assez abusé de nous”, clame auprès de l’AFP Ene Nenquimo, la vice-présidente de l’organisation Nacionalidad Waorani (Nawe), des plumes multicolores sur la tête.

La tache noire borde une route menant à la communauté de Guiyero, sur les rives de la rivière Tiputini, où vivent des indigènes Waorani et d’autres communautés en isolement volontaire. “De gros lézards sont morts”, se lamente Pablo Ahua, 44 ans, parmi la centaine d’autochtones du petit village situé près de l’un des nombreux puits de la réserve, d’où est extrait un or noir précieux pour le pays mais dévastateur pour l’environnement.

En juin, l’entreprise publique Petroecuador a admis qu’une fuite de pétrole brut survenue dans le bloc 16 (appelé Iro) avait contaminé les sources d’eau de plusieurs villages et atteint le fleuve Napo, un affluent de l’Amazone. Selon les défenseurs de l’environnement, les fuites sont fréquentes dans la réserve d’un million d’hectares, classée réserve mondiale de la biosphère avec quelque 600 espèces d’oiseaux, 220 de mammifères, 120 de reptiles et 120 d’amphibiens recensées.

Ces fuites ont “un impact immense auquel personne ne peut remédier”, dénonce Ene Nenquimo, qui regrette aussi le manque de services essentiels pour les populations indigènes de la réserve tels que les soins de santé. “Nous sommes oubliés”, assure-t-elle.

Selon Kevin Koenig de l’ONG Amazon Watch, l’extraction pétrolière a également comme effet néfaste qu’elle engendre des maladies. “Nous constatons (…) une corrélation entre la proximité des populations avec les plateformes pétrolières et les puits et des taux élevés de cancer,” souligne-t-il.

L’écologiste exhorte les pays développés à investir dans la protection de l’environnement via des mécanismes financiers tels que les échanges de dettes qui permettent à un pays de réduire sa dette extérieure en échange de son engagement à financer des projets de protection de l’environnement.

En attendant, en août 2023, les défenseurs de l’environnement ont remporté une victoire historique lorsque 59% des électeurs équatoriens ont voté pour l’arrêt de l’exploitation dans un autre bloc, le 43 (connu sous le nom d’ITT), dont une petite partie se trouve dans la réserve Yasuní.

La consultation prévoyait l’arrêt progressif de l’extraction pétrolière dans un délai d’un an. Cependant, le gouvernement a récemment annoncé que la clôture des 247 puits du bloc prendrait au moins cinq ans. À ce jour, seul un puits a été fermé, le 28 août.

Pour Ene Nenquimo, l’État “doit respecter, qu’on le veuille ou non” ce qui a été décidé dans les urnes. En 2023, l’Équateur a estimé à près de 16,5 milliards de dollars les pertes liées à la fermeture de l’ITT, l’un des 80 blocs situés dans la jungle équatorienne. (…)

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Pour rappel, voir :
Équateur. Le président propose de reporter la sortie de l’industrie pétrolière du parc Yasuní (Antonio José Paz Cardona / Mongabay / Traduction Blog Coco-Magnanvile / fr.esp.) (février 2024)
Rencontre avec des représentant.es autochtones d’Amazonie équatorienne et des membres du collectif Yasuní Resiste (novembre 2023)
Première historique : en Équateur, un vote en faveur de l’arrêt de l’exploitation d’un gisement pétrolier (Michel Damian – Europe Solidaire et Sans Frontières / Marie Delca -Le Monde) (août 2023)
Équateur : résultats de l’élection présidentielle et des consultations populaires du 20 août 2023 (août 2023)