🇨🇱 Le Chili rejette par référendum le deuxième projet de nouvelle Constitution (revue de presse)


Invité.es à se prononcer par référendum, les Chilien.nes ont rejeté dimanche 17 décembre la nouvelle Constitution proposée par le Conseil constitutionnel. La loi fondamentale établie en 1980 lors de la dictature d’Augusto Pinochet reste pour le moment en vigueur.


Les opposants au projet de nouvelle Constitution célèbrent après la clôture du scrutin à Santiago, au Chili, le dimanche 17 décembre 2023. AP – Matias Basualdo

Après l’annonce des résultats, le président Gabriel Boric a pris la parole sur la chaîne nationale pour annoncer que « dans le cadre de [son] mandat, il n’y aura pas d’autre processus constitutionnel ». Il a ajouté que « les urgences sont autres »

Référendum au Chili : la nouvelle Constitution ultra-conservatrice rejetée à son tour (Théo Bourrieau / L’Humanité)

Les Chiliens ont rejeté dimanche 17 décembre un projet de nouvelle Constitution. Après avoir voté contre une charte progressiste en septembre 2022, un référendum a de nouveau balayé le texte, cette fois ultralibéral et conservateur. La Constitution héritée de Pinochet reste donc en vigueur.

Au Chili, le vote « contre » a remporté 55,75 % des voix, tandis que le « pour » a obtenu 44,25 %, selon les résultats officiels publiés par le Service électoral, pour plus de quinze millions d’électeurs appelés à se prononcer. La nouvelle Constitution ultralibérale a ainsi été rejetée par référendum. Cette charte fondamentale, rédigée par l’extrême droite, aurait remplacé l’actuelle, vestige de Pinochet et de la dictature militaire. En septembre 2022, la gauche avait échoué à faire adopter une nouvelle Constitution considérée comme une des plus progressistes au monde (le texte a été rejeté à plus de 60 %).

Le rejet d’un texte ultra-conservateur élaboré par un parti néofasciste, d’autant plus quand il s’agit d’une charte située au sommet de la hiérarchie des normes juridiques internes et organisant l’ensemble des règles de fonctionnement des institutions d’un État, est toujours une bonne nouvelle.

Pourtant, ce nouveau projet rejeté, le texte de 1980, d’orientation libérale et garantissant peu de droits sociaux aux Chiliens, est maintenu. Même si celui-ci a déjà été reformulé 70 fois en ouvrant notamment la voie à une démocratisation des institutions, il reste symboliquement rattaché à l’ère Pinochet (1973-1990). (…)

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Le Chili rejette le projet de nouvelle Constitution (RFI)

Avec 55% des votes, les Chiliens ont dit non au texte qui avait été élaboré par la droite et l’extrême droite, mettant ainsi fin à quatre années de débats, de scrutins à répétition et d’incertitude.

Les partisans du contre célèbrent les résultats du référendum sur la nouvelle proposition de constitution du Chili à Santiago le 17 décembre 2023. AFP – Javier Torres

Retour à la case départ au Chili. Après deux échecs, le Chili conservera donc la Constitution actuellement en vigueur, celle qui date de la dictature d’Augusto Pinochet. Le vote contre a remporté 55,75% des voix, tandis que le pour a obtenu 44,25%, selon les résultats officiels publiés par le Service électoral (Servel) après 99% des bulletins dépouillés.

« Sous ce mandat, le processus constitutionnel est clos. Il y a d’autres urgences », a déclaré le président de gauche Gabriel Boric dans un discours au palais présidentiel de La Moneda. « Notre pays continuera avec la Constitution actuelle, car après deux propositions constitutionnelles soumises à un référendum, aucune n’a réussi à représenter ou à unir le Chili dans sa belle diversité », a ajouté le président, qui a soutenu la première proposition avancée par la gauche et a opté pour la neutralité sur la seconde.

Le président chilien a également précisé que les résultats de ces processus ont divisé le pays et que les discussions constitutionnelles qui ont suivi n’ont pas permis de répondre à l’aspiration collective de créer une nouvelle constitution qui reflète réellement les points de vue de tous les citoyens. « Le référendum constitutionnel était censé apporter de l’espoir, mais il a généré de la frustration et même de la lassitude dans une grande partie de la population. »

La révision de la Constitution de l’ère Pinochet (1973-1990), considérée comme un frein à toute réforme sociale de fond, avait été actée pour contenter le mouvement social de 2019 contre les inégalités qui a fait une trentaine de morts.

Au quartier général des militants de gauche qui s’opposaient à cette nouvelle constitution, il n’y a pas eu de grandes effusions de joie, mais quelques embrassades et surtout un air de soulagement sur les visages, rapporte notre correspondante Naila Derroisne. 

« Le peuple chilien a voté en majorité contre le texte de l’extrême droite, a annoncé un ancien ministre communiste, ce texte était dangereux par rapport à nos droits déjà acquis et trompeur vis-à-vis de ce qu’il proposait ». 

Macarena, jeune militante de gauche, se réjouit quant à elle que le texte ait été rejeté, surtout en ce qui concernait certains droits des femmes. « Nous sommes soulagées que la loi sur l’avortement sous trois conditions, qui est devenue un consensus social, continue d’être un droit pour les femmes et les jeunes filles », se réjouit-elle avant d’ajouter : « On a gagné la bataille, mais pas la guerre ». (…)

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Référendum au Chili: «Cela dit beaucoup de choses sur la polarisation de la société chilienne» (entretien avec Olivier Compagnon / RFI)

C’est la deuxième fois en deux ans que les Chiliens disent « non » à un projet de Constitution. L’année dernière, le texte était jugé trop à gauche, cette fois beaucoup trop à droite et trop conservateur. Analyse avec Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine à l’université Sorbonne nouvelle, membre du Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (Creda).

Une urne dans un bureau de vote de Santiago, le 17 décembre 2023. AP – Esteban Felix

Olivier Compagnon : On peut voir ça comme ça. Mais dans un premier temps, le résultat de dimanche est quand même une semi-victoire pour Boric et pour la gauche puisque ce qui était en jeu hier, c’était de remplacer la vieille Constitution de Pinochet, celle de 1980, par une Constitution infiniment plus, à la fois, libérale économiquement, et conservatrice dans un certain nombre de visions sociales. Donc, de ce point de vue-là, il y a un soulagement et notamment un soulagement dans le camp progressiste au Chili. Donc, ce n’est pas entièrement un échec.

Après effectivement, si on inscrit le vote d’hier dans la séquence des quatre dernières années, on peut avoir tendance à se dire : tout cela pour ça. Puisque finalement, on avait le point de départ du grand mouvement social de la fin de l’année 2019 qui avait quand même abouti, un an plus tard, à ce référendum très intéressant où 80% des Chiliens s’étaient exprimés pour changer de Constitution et rompre avec le dernier gros héritage du pinochétisme. Quatre ans plus tard, voilà, ça n’a pas fonctionné. Ça dit beaucoup de choses sur la polarisation de la société chilienne, avec une extrême droite, on le sait, plus forte depuis quelques années, mais aussi un pôle progressiste qui avait compté ses troupes en quelque sorte lors du mouvement de 2019 et qui reste, dans une certaine mesure, présent au sein de la société chilienne. De ce point de vue-là, il y a eu aussi des transformations politiques. Mais en tout cas effectivement, on a l’impression, d’un point de vue constitutionnel – d’ailleurs ce n’est pas une impression, c’est la vérité -, qu’on revient au statut quo.

Je n’en suis pas complètement convaincu. Ce n’est pas complètement une défaite de l’extrême droite. Certes le résultat leur a été défavorable, mais ils réalisent quand même un score de près de 45% en faveur d’une Constitution bien plus dure et conservatrice que celle de Pinochet. Cela nous dit quelque chose de très fort pour les années qui viennent. On a là tout de suite en tête les prochaines échéances électorales, notamment celles de la fin de l’année 2025 pour la présidence. Et ce que nous dit le vote d’hier, c’est que l’extrême droite, qu’elle soit représentée par José Antonio Kast ou par quelqu’un d’autre, sera extrêmement bien placée pour accéder au pouvoir en 2025-2026. Donc, je n’ai pas l’impression que ce soit complètement un échec pour l’extrême droite. (…)

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Au Chili, le désenchantement démocratique (Reporterre)

Les Chiliens ont rejeté le 17 décembre le deuxième projet de Constitution proposé depuis la révolte sociale de 2019. La Constitution de Pinochet reste en vigueur et l’espoir de la sortie du néolibéralisme s’éteint.

Les partisans du projet de nouvelle Constitution organisent une campagne de clôture à Santiago du Chili, le jeudi 14 décembre 2023. © Esteban Felix, AP

55 % des électeurs chiliens se sont exprimés le 17 décembre « Contre » le projet de Constitution proposé par un Conseil constitutionnel élu en mai dernier, et dominé par la droite traditionnelle et l’extrême droite. Très critiquée pour son conservatisme, son recul sur les droits humains et ses lacunes sur le plan écologique, cette deuxième Constitution n’a pas convaincu. Le Chili maintient donc la Constitution d’Augusto Pinochet, adoptée en 1980, pierre angulaire du modèle néolibéral.

Pourtant, le chemin de sortie du néolibéralisme semblait tout tracé. Deux ans après la révolte sociale de 2019 où des millions de Chiliens exigeaient un accès gratuit à l’éducation et à la santé, des pensions de retraite dignes ou encore la déprivatisation des sources d’eau, un jeune président de gauche, Gabriel Boric, a fait son entrée au palais de la Moneda.

En mai 2021, une Assemblée constituante, composée majoritairement d’indépendants issus des mouvements sociaux et de représentants de la gauche progressiste, avait été élue. Cette Assemblée avait écrit une Constitution très ambitieuse sur le plan écologique et social, qui ouvrait la voie à la sortie du néolibéralisme. Mais c’était sans compter sur les forces conservatrices du pays andin qui ont convaincu 62 % des Chiliens de rejeter le texte, lors du scrutin de septembre 2022.

Quelques jours avant ce nouveau référendum, dans les rues de Santiago, il y avait peu d’effervescence autour de la campagne électorale. Quelques affiches « En Contra » (Contre) et « A favor » (Pour) se devinaient sur les murs de la capitale. Mais le peu d’intérêt des Chiliens pour la nouvelle Constitution était palpable. (…)

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Le Chili rejette par référendum le projet de nouvelle Constitution (France 24)

Pour la deuxième fois consécutive, les Chiliens ont rejeté un projet de nouvelle Constitution. À l’occasion d’un référendum, ils se sont prononcés “contre” le texte élaboré par un Conseil constitutionnel dominé par l’extrême droite à 55,75 % des voix, tandis que le “pour” a obtenu 44,25 % des suffrages, selon les résultats officiels publiés par le Service électoral après que 99 % des bulletins aient été dépouillés, dimanche 17 décembre.

La loi fondamentale datant de la dictature d’Augusto Pinochet restera donc en vigueur.

Plus de quinze millions d’électeurs étaient appelés à se prononcer pour ou contre cette nouvelle mouture de la loi fondamentale, à tonalité très conservatrice.

Le texte soumis au vote a été rédigé par ceux qui défendent l’héritage du général Pinochet, après le rejet en septembre 2022 d’une première proposition progressiste soutenue par le président de gauche Gabriel Boric. Ce dernier, le plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, âgé de 37 ans, a récemment assuré que cette nouvelle consultation serait la dernière tentative de réformer la Constitution. (…)

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Reportage de France 24

Reportage de France 24

Voir également cet article réservé aux abonné.es : Au Chili, « le processus constitutionnel prend fin » après le rejet d’un nouveau projet de Constitution (Flora Genoux / Le Monde


Rassemblement en faveur du premier projet de Constitution. Santiago du Chili, juillet 2022. Photo : José Pereira – Creative Commons

Pour rappel, voir entre autres :
Au Chili, l’ultra-droite accouche de son projet de Constitution (Luis Reygada / L’Humanité) (11 novembre 2023)
Le Chili franchit une nouvelle étape dans son processus vers une nouvelle Constitution (Naïla Derroisné / RFI) (2 novembre 2023)
Avortement au Chili: les rédacteurs de la Constitution optent pour protéger «celui qui va naître» ( Naïla Derroisné / RFI) (23 septembre 2023)
Chili. Un troisième essai constituant pour «dépasser» la Constitution de 1980. Une échéance, décembre 2023 (Claudia Heiss / À l’Encontre) (4 juillet 2013)
Chili : chronique d’une Constituante ratée (entretien avec Christophe Ventura par Pablo Pillaud-Vivien / La Midinale / Regards) (15 juin 2023)
Constituante au Chili: avec la victoire de l’extrême-droite, «un cycle politique semble se refermer» (Entretien avec Franck Gaudichaud / Marion Cazanove / RFI) /  Grand écart politique au Chili (RTS) (9 mai 2023)
Chili : la droite ultra-conservatrice chargée de rédiger la nouvelle Constitution (revue de presse) (8 mai 2023