FAL au festival d’Avignon 2025 : les spectacles que nous soutenons (Fabien Cohen et Sonia Garcia Tahar / Bureau national de FAL)


La présence de France Amérique Latine du 5 au 20 juillet 2025 dans le village du OFF du festival d’Avignon a donné lieu à de beaux moments culturels et à des échanges passionnants. Un grand merci à France Amérique Latine Vaucluse, aux artistes, militant·es, bénévoles et intervenant·es qui ont contribué à la réussite de cette édition. Voici ci-dessous nos impressions sur des œuvres que nous avons soutenues et appréciées. Bonnes lectures et rendez vous en 2026 !

Les spectacles de la sélection FAL

Photo : Laurence Fragnol

Une création artistique transdisciplinaire qui nous vient d’artistes des favelas de Recife, abordant des thèmes de lutte, d’espoir et de vie malgré la violence de leur quotidien. Ce projet est le fruit de vingt ans de collaboration entre la Cie Ophélia Théâtre de France et O Grupo Pé No Chão du Brésil. ​

Ils et elles nous interpellent dès les premières minutes sur la situation au Brésil et le rejet du président d’extrême-droite J. Bolsonaro, à travers la danse, le théâtre, la musique et le cinéma. ​

On est emporté par cette ferveur artistique qui leur permet de surmonter la pauvreté, la violence et les discriminations. Un univers bien capté par Laurent Poncelet qui sait faire émerger la poésie des propos et mettre au centre de l’expression le corps.

Un spectacle puissant qui nous transporte dans ce monde très particulier des favelas, avec la puissance et le panache de la jeunesse très présente sur scène comme dans la salle.

Jusqu’au 24 juillet à 21h30.
Au Théâtre du 11.


Photo : DR

Sur scène, un seul et unique piano. Pour ce café-concert, Antonio Interlandi, comédien, chanteur et danseur brésilien, nous propose un voyage sur les ondes de la MPB, la Musique Populaire Brésilienne. A travers le personnage d’un jeune migrant qui part en avion pour un aller sans retour, le public découvre le sens réel des plus grands tubes de Chico Buarque ou Tom Jobim. Et c’est… un régal, pour les oreilles comme pour le cœur. (…)

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Du 5 au 26 juillet à 15h45. Relâche les 7, 14 et 21.
Au Théâtre des 3S – Le Quatre.
Réservations au : 04 90 88 27 33


Photo : DR

Alberto García Sánchez qui conte, c’est un feu d’artifice qui n’en finit pas d’exploser. Avec Le septième jour, sa dernière création, l’auteur et comédien espagnol livre un seul-en-scène trépidant, qui enchaîne les histoires au fil de son imagination débordante, et ce, sans temps mort. Tout commence dans son quartier, à Barcelone, où vit une étrange tribu : piercings, coiffure à crête, veste en cuir… On aura vite compris à quelle « ethnie » elle appartient. S’ensuit un récit de création, réécriture de la Genèse, version « anarcho-contestataire ». (…)

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Du 5 au 26 juillet à 16h30. Relâche les 10, 17 et 24.
Au Théâtre de la Maison de la Parole
Réservations au : 04 90 82 61 10


Photo : DR

« Tirititi, ouais ! Tirititi, ouais ! » Dans un concert de tambours et munis de sifflets, les quatre danseurs de la Cie Difé kako ont mis le feu aux poudres de la Chapelle du Verbe incarné. « Moun bakannal » (« tous pareil », en créole) est une œuvre chorégraphique dédiée aux carnavals, de Venise à la Guyane, en passant par Dunkerque. Mais la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal a bien sûr imprégné sa pièce de la culture créole qui lui est chère. (…)

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Du 13 au 17 juillet à 12h10.
Au Théâtre de la Chapelle du Verbe incarné.
Réservations au : 04 90 14 07 49



Une danseuse de dos. Elle a de grosses fesses. Et elle l’assume. Chantal Loïal, chorégraphe guadeloupéenne, prend fait et cause dans ce solo de danse pour la Venus hottentote, cette femme sud-africaine exhibée dans les foires au début du XIXème siècle pour son fessier hors norme. Le regard, froid, défie d’abord le spectateur. Et puis, non. Au fil de la chorégraphie, le public se laisse porter par la grâce d’une danse faite pour ce corps-là. Une morphologie comme une autre, celle d’une femme énergique et vivante. Et c’est bien de regard qu’il s’agit. Alors que le crâne de Saartjie Baartman circule dans les gradins, comme échappé du Museum d’Histoire Naturelle, les spectateurs finissent par envahir à leur tour le plateau, compagnons de jeux de cette Venus noire. Ensemble, ils exorciseront le racisme d’une époque qui devrait être révolue. Le solo de danse finit comme il a commencé : de dos. Mais on ne rit plus de la Venus, on rit avec elle. Et c’est bien différent.

Du 10 au18 juillet 2025. Relâche le 15 juillet.
Au théâtre de l’Atelier Manutention.


Nastácia. Mise en scène : Miwa Yanagizawa

87000 féminicides par an dans le monde, c’est le cri lancé par l’héroïne Nastácia, joué brillament par Flavia Pyramo, dans la pièce revisitée de l’Idiot de Dostoieski. Elle a toute l’exubérance russe de l’auteur et la sensibilité de son dramaturge brésilien, Pedro Bricio. À travers le déshonneur d’une femme au destin tragique et bouleversant, c’est l’outrage fait à toutes les femmes que la pièce veut dénoncer.  Nastassia Filippovna, victime d’abus dès l’adolescence, réduite à un objet par des hommes puissants, oppose à cette logique de domination un refus radical du patriarcat. Quant à ceux qui font des femmes une marchandise, le Prince Mychkine nous invite à voir dans l’argent le véritable déchet produit par le capitalisme.

Ovationnée de Rio à Belo Horizonte, Nastácia nous donne à voir un des spectacles les plus intéressants de la scène contemporaine brésilienne. Une pièce à la mise en scène inclusive qui donne toute son universalité a son propos.

Jusqu’au 26 juillet à 21h30. Relâche le 22 juillet.
Au théâtre de l’Adresse.


Francé. Mise en scène : Jessica Dalle

Ils sont deux sur scène, Lamigne Diagne et Raymond Dikoumé, deux auteurs-comédiens qui nous content « la France », celle aux histoires entremêlées, aux couleurs qui lui donnent toute sa diversité non sans douleurs coloniales. En convoquant leurs souvenirs, pour certains enfouis dans la cave, d’autres restés en Afrique, ils nous partagent leurs parcours familiaux. Maniant humour et émotion, ces deux afro-descendants apportent leur vision et leur vécu pour nous aider à nous immiscer dans la peau de ces « français » à la fratrie africaine.

Si nous sommes loin du temps des colonies, la décolonisation a encore du chemin à se frayer dans les têtes. aussi, avec eux, nous cherchons comment sortir de cette cave aux souvenirs graves mais aussi touchant. En ces temps d’extrême droitisation de notre société, de réécriture de l’histoire, voilà un spectacle à mettre entre toutes les mains de ceux et celles qui sont en pleine construction de leur identité. Ensemble nous trouverons le chemin construisant à ce futur « Françé » intergénérationnel.

Jusqu’au 26 juillet à 11h. Relâche le 23 juillet.
Au Théâtre des Halles.


Un soupçon d’amitié, une pièce de Philippe Froget. Mise en scène : Chloé Froget

Certain·es auront vu dans ce spectacle un huit clos poignant, comme le propose la compagnie. Pour notre part nous y avons vu une époque déjà en gestation, celle des dictatures latino-américaines des années 1970 / 1980. D’abord nous sommes en décembre 1961, en Argentine qui a accueilli nombre de tortionnaires nazis venus se réfugier en toute impunité en Amérique Latine.

Certes, la pièce s’ouvre sur le procès Eichmann capturé par le Mossad à Buenos Aires à la suite d’une traque implacable, mais d’autres dorment encore tranquillement dans leurs lits, leur changement d’identité les aidant à mieux se fondre dans le paysage. Mais alors, comment êtes sûr que l’ami allemand si charmant n’est pas l’un d’entre eux ? et si c’est le cas, comment réagir ? que doit-on faire passer en premier le meilleur ami, la conviction qu’il ne peut pas être cet auteur des pires atrocités où la suspicion ?

Un questionnement qui nous interrogera tout au long de la pièce, auquel s’ajoutent les années noires à venir. Laisser vous prendre par ce dilemme, plongez dans ce spectacle si captivant jusqu’à la dernière minute !

Jusqu’au 26 juillet à 17h40. Relâche le 22 juillet.
Au Théâtre Actuel.


Azira’i. Mise en scène : Duda Rios et Denise Stutz

Parmi tous les spectacles de la programmation brésilienne du OFF, qui ont eu le soutien de FALMAG, celui-ci vous laisse une trace sensible. Nous entrons de plein pied au travers de l’histoire de Zahy, la comédienne-chanteuse sur scène, dans celle de sa mère, première femme chamane du village autochtone de Cana Brava, en Amazonie.  

Émouvante, ce n’est pas seulement une histoire autobiographique indigène à laquelle nous assistons, mais au parcours captivant et attachant de celle qui évoque le drame vécu par toutes les victimes de la déforestation, du pillage des ressources de ce poumon du monde, soumis à la violence de devoir survivre dans la ville.

Parlée et chantée en portugais, elle l’est aussi en « ze’eng eté », langue maternelle de celle qui fut la première artiste autochtone à remporter le prix de théâtre le plus prestigieux du Brésil.

Ce spectacle, drôle par ailleurs, est envoutant par sa capacité à partager une grande intimité familiale, culturelle et sociale. La vulnérabilité exposée tout au long du spectacle par l’actrice aux multiples facettes, a été merveilleusement travaillé pour dialoguer avec les conventions du « théâtre européen ».

Il nous faut créer d’autres occasions pour maintenir vivante ces cultures autochtones dont nous avons, un temps, été un de ses alliés pour aider à les préserver, et ce fut un moment de bonheur !

Jusqu’au 13 juillet à 17h25. Relâche le 10 juillet.
Au Théâtre de la Manufacture – Château.


Tres son multitud. Chorégraphie : Ariane Liautaud

Pour celles et ceux pour qui le Tango se danse à deux, Ariane Liautaud et sa A.D.T Company propose avec brio une mécanique du Tango jouée à trois.

C’est un vrai bonheur que la reprise de cette chorégraphie créée en 2022. Cette construction d’un pas à trois n’enlève rien à l’intimité du couple mais l’élargit à une diversité de combinaisons toutes plus envoutantes, l’une que l’autre. Elle crée pour nous un langage propre à cette danse, où dialogue l’émotion de ses trios, se jouent les affinités, sur des musiques qui vont de Mozart à Fabio Hager.

Un spectacle à voir sans faute, pour découvrir cette écriture contemporaine du Tango argentin. Elle ouvre un nouvel espace de rencontre interculturelle et intergénérationnelle.

Jusqu’au 25 juillet à 22h. Relâche le 21 juillet.
Au Théâtre Golovine.


C’est l’histoire de la ville de Malakoff, soit 150 ans du mouvement ouvrier et de ses conquis sociaux qui nous est conté au travers de cette fresque populaire et sociale qui va de la Commune de Paris à la grève des mineurs de 1963, en passant par le Conseil National de la résistance.

Comédien·es, mais aussi chanteur·ses et musicien·es, ce quintet aborde cette longue période au travers de celles et ceux qui l’on faite, d’une manière drôle, politique et sensible. Si le sens de l’Histoire est bien posé, la route est encore semée d’embûches.

On ressort de ce spectacle avec la ferme nécessitée de persévérer dans l’engagement, le solidarité et fraternité toujours d’actualité. Nous avons besoin plus que jamais de ce théâtre populaire qui veille culturellement à contrer celles et ceux qui cherchent à réécrire cette histoire politique et sociale.


Pour rappel, voir :
France Amérique Latine au Festival d’Avignon 2025 : et de cinq !
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