Le Chili de Gabriel Boric et son environnement international (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces Latinos)


Quelle va être la politique étrangère du président chilien élu le 19 décembre 2021, Gabriel Boric Font ? La question n’a pas fait l’objet de longs développements pendant la campagne électorale. Rien de plus normal. Le quotidien, la sécurité sociale pour la gauche, la sécurité physique pour la droite, répondent aux préoccupations des électeurs bien davantage que les relations internationales.

Photo : La Moneda

Gabriel Boric va-t-il rompre ou poursuivre la politique étrangère de son prédécesseur, Sebastián Piñera ? En clair, quelle est la place de l’idéologie en relations extérieures ? Sebastián Piñera a été un président libéral, de centre droit. Gabriel Boric Font est un chef d’État les pieds bien plantés à gauche. Faute d’informations suffisantes à ce jour, il est difficile d’apporter une réponse pleinement documentée. Cela dit, l’examen de l’héritage Piñera dans sa diversité permet de donner quelques orientations sur ce que pourra être la politique étrangère de Gabriel Boric.

Sebastián Piñera a perpétué une ligne dominante depuis la dictature d’Augusto Pinochet, celle d’une diplomatie avant tout économique. Les accords de libre-échange signés avec les grandes puissances commerciales et technologiques (Chine, États-Unis, Union européenne) ont été respectés, voire renouvelés. Le Chili a résisté aux pressions du gouvernement de Donald Trump l’incitant à réduire le volume et la qualité de ses échanges avec Pékin. Santiago a maintenu sa volonté de traiter avec Huawei pour s’équiper en technologie 5G. Et ce sont des vaccins chinois qui ont été achetés pour immuniser la population.

Le Chili a cherché à valoriser ses acquis, vantés par la presse économique des milieux d’affaires internationaux, en se proposant d’accueillir en 2019 un sommet du Forum du Pacifique (APEC) et la Cop25. Tout en parrainant, avec le Costa Rica, une conférence environnementale latino-américaine, connue sous le nom d’Accord d’Escazú. Les graves évènements sociaux de 2019 n’ont pas permis au Chili d’organiser ces rendez-vous. La Cop25 s’est tenue à Madrid. L’Accord d’Escazú n’a pas été ratifié par le Chili compte tenu d’un scandale écologique et financier ayant affecté le président Piñera.

Le réalisme a imposé ses contraintes avec la région. Sébastián Piñera a systématiquement félicité ses homologues, à peine élus. En dépit d’orientations différentes, le Chili de Piñera a maintenu des relations cordiales avec l’Argentine d’Alberto Fernández et le Mexique d’Andrés Manuel López Obrador. 

Mais les relations avec le Venezuela ont pris une tournure plus idéologique que réaliste. Le Chili s’est associé en 2017 au groupe de Lima, constitué, en connivence avec les États-Unis, pour isoler Caracas. Il s’est retiré de la structure intergouvernementale inventée par les gouvernements nationalistes des années 2010, l’UNASUR (Union des Nations d’Amérique du Sud). Il a, pour la remplacer, proposé la création d’une nouvelle alliance PROSUR. (…)

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Voir aussi :
– Après l’élection de Gabriel Boric à la présidence, l’espoir d’un Chili « plus juste et plus digne » (Emma Bougerol / Basta)
– Chili: le nouveau président Gabriel Boric soutient d’emblée l’Assemblée constituante / “La Constituyente será independiente del Gobierno” dice vice-presidente de la Convención (RFI)
– Au Chili, quel président de gauche sera Gabriel Boric ? (entretien avec Franck Gaudichaud / Julie Gacon – Les Enjeux Internationaux – France Culture)
– Chili : espoirs et défis d’une présidence inédite (analyse de Christophe Ventura / IRIS)
– Chili. «On entre dans une époque qui va être politiquement très clivée» : analyse d’Olivier Compagnon (Marion Cazanove / RFI)

– La victoire de la gauche au Chili : « Les pauvres se sont mobilisés » (entretien avec Antoine Faure / Marie Astier -Reporterre)
– Le Chili amorce la sortie du néolibéralisme (Marion Esnaud et Amélie Quentel / Reporterre)
– Chili: victoire historique du candidat de gauche Gabriel Boric (revue de presse et vidéos)
– Élections présidentielles au Chili : Le peuple chilien ferme la porte à l’extrême-droite avec l’élection de Gabriel Boric (Communiqué de France Amérique Latine)