Colombie : les manifestations se poursuivent, la répression aussi (Amnesty International)

Cela fait maintenant plus d’un mois qu’une vague de protestation secoue la Colombie. Elle met en lumière la colère sociale de la population. Or, les manifestations sont réprimées, avec violence, par les autorités.

Manifestation à Cali mai 2021 / ©Amnesty International /
Christian Escobar Mora

Les revendications des Colombiens qui réclament plus de justice sociale, doivent être entendues. Mais les protestations sont réprimées violemment par les autorités au mépris du plus élémentaire droit à la liberté d’expression. Dès le début des manifestations en Colombie, nous avons analysé des vidéos qui attestent que la police avait fait usage d’une violence excessive contre des manifestants.

Aux morts, s’ajoutent 1 445 arrestations arbitraires, 22 cas victimes de violences sexuelles, 47 personnes gravement blessées aux yeux. 

Nous avons, avec d’autres organisations de défense des droits humains, condamnés cette répression. La communauté internationale également. Mais les autorités font la sourde oreille et la tension reste forte.

Nous avons mené des enquêtes sur les manifestations qui ébranlent la Colombie. Nous avons travaillé avec un réseau de journalistes latino-américains, coordonné par la plateforme CONNECTAS. Retour sur les principales conclusions de ce travail.

Cali : un mois d’enfer dans la troisième ville du pays

Une simple journée de mobilisation contre une réforme fiscale a abouti à une explosion sociale sans précédent dans l’histoire récente de Cali. La troisième ville du pays est le théâtre de violents affrontements entre des manifestants et la police, entre des protestataires et des milices armées.

Depuis le début du mouvement de grève national, au moins 20 barricades ont été érigés dans la ville. Chaque jour, les mobilisations prennent d’avantage d’ampleur. Certaines places sont devenues des points de blocage emblématiques des protestations. Ils sont tenus par des jeunes dits « en première ligne » : ils défendent la zone en cas de violents affrontements. 

Ces lieux de mobilisations sont devenus des « points de résistance ». Ainsi, des manifestants ont renommé certains de ces lieux : le pont des « Mil Dias » (pont des mille jours) est devenu le pont des « Mil Luchas » (pont des mille luttes), le parc « Loma de la Cruz » (mont de la Croix) est devenu le parc « Loma de la Dignidad » (mont de la dignité). 

Des revendications anciennes et profondes  

Ces manifestations, majoritairement pacifiques, ont gagné tout le pays. Elles témoignent d’un profond malaise social en Colombie. Dans une lettre adressée au Président colombien Iván Duque notre secrétaire générale, Agnès Callamard, alerte sur la situation des droits humains en Colombie et dénonce le silence du gouvernement. (…)

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Pétition d’Amnesty International :
Stop à la répression en Colombie


Voir également nos revues de presse et les communiqués de solidarité de France Amérique Latine
Colombie : quand le pouvoir tire sur le peuple (Ruth Rojas et Laurent Perpigna Iban / Ballast)
“El estallido colombiano” (éditorial de Mathilde Allain / IHEAL)
– El paro no para(revue de presse)
– Troisième semaine de mobilisations, répression, solidarités 
– Violence économique et répression en pleine pandémie
– FAL solidaire du peuple colombien en lutte. Les institutions françaises et européennes doivent exiger l’arrêt de la répression
– Mobilisations et répression en Colombie (revue de presse fr./esp.)
– Colombie : “paro nacional” du 28 avril 2021. Multiples manifestations contre un projet de réforme fiscale