🇵🇪 Pérou : troisième semaine de crise politique. La mobilisation se poursuit malgré une répression policière violente. (revue de presse)


Au Pérou, depuis la destitution de Pedro Castillo le 7 décembre, son arrestation et la nomination de Dina Boluarte comme présidente, la crise s’approfondit et l’escalade de la violence policière atteint des proportions inconnues depuis la chute de Fujimori : on déplore désormais une trentaine de victimes mortelles et des centaines de blessés, particulièrement dans les régions d’Apurimac, Arequipa, La Libertad et Ayacucho.

Funérailles de Leonardo Hancco Chacca, 32 ans, tué lors d’un affrontement entre les forces de sécurité et des manifestants, portent son cercueil, dans les rues d’Ayacucho, au Pérou, le 18 décembre 2022. REUTERS

Les secteurs populaires dénoncent les assassinats, pleurent leurs morts mais poursuivent leur mouvement pour la libération de Pedro Castillo, la démission de Dina Boluarte, l’organisation de nouvelles élections et d’une assemblée constituante. Les violations des droits humains font l’objet de dénonciations unanimes de la part des organisations de défense des droits humains nationales et internationales. Quatre  pays latino-américains – l’Argentine, la Bolivie, le Mexique et la Colombie – ne reconnaissent pas le gouvernement de fait de Dina Boluarte et manifestent  leur soutien à Pedro Castillo. Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, se déclare prêt à lui donner l’asile politique. Revue de presse.

Pérou: élections anticipées à 2024 et crise diplomatique avec le Mexique (TV5 Monde / AFP / 21 décembre)

L’élection présidentielle au Pérou a été avancée à avril 2024 par le Parlement, dans l’espoir de mettre fin aux troubles déclenchés par la destitution du président Pedro Castillo, dont le sort alimente désormais une crise diplomatique avec le Mexique.

Des partisans du président déchu Pedro Castillo manifestent à Cuzco, le 20 décembre 2022 au Pérou (photo MARTIN BERNETTI, AFP)

Le Congrès a voté mardi l’avancement des élections générales de 2026 à avril 2024. En session plénière, la proposition, qui nécessitait 87 votes pour, en a recueilli 93. Il y a eu 30 votes contre et une abstention. Le scrutin établit aussi que la présidente actuelle, Dina Boluarte, cèdera sa place en juillet 2024 au vainqueur de l’élection présidentielle. Le président du Congrès, José Williams, a toutefois expliqué à l’issue de la session que la réforme, pour qu’elle entre en vigueur, doit encore être validée par un nouveau vote dans les mois qui viennent. Selon les sondages, 83% des citoyens sont en faveur d’élections anticipées pour mettre fin à la crise, déclenchée par la destitution le 7 décembre du président de gauche, Pedro Castillo. (…)

(…) L’épouse et les deux enfants mineurs de M. Castillo se trouvent depuis mardi matin à l’ambassade du Mexique à Lima et y ont obtenu “l’asile diplomatique”, comme l’avait confirmé auparavant le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard. Le gouvernement péruvien, qui a perçu le soutien du président mexicain Andrés Manuel López Obrador à Pedro Castillo comme une “ingérence”, a déclaré mardi persona non grata l’ambassadeur mexicain à Lima, Pablo Monroy, et lui a donné “72 heures pour quitter” le pays andin. Mexico a réagi dans la foulée avec un communiqué officiel en rappelant son ambassadeur “afin de préserver sa sécurité et son intégrité physique”, tout en assurant que sa représentation diplomatique continuerait à fonctionner normalement, et en disant “croire fermement au dialogue”. (…)

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Pérou: le Congrès vote l’organisation d’élection générales anticipées en 2024 (Éric Samson / RFI / 21 décembre)

Le Congrès péruvien a approuvé mardi soir 20 décembre un projet de loi pour organiser des élections générales anticipées en avril 2024, deux ans plus tôt que prévu. Même si les manifestations des partisans de l’ancien président Pedro Castillo ont un peu perdu en intensité, la pression de la rue a fait reculer les députés qui s’y étaient opposés la semaine dernière.

Le président du Congrès a annoncé que la loi de réforme constitutionnelle qui modifie la durée de mandat de la présidente de la République, des députés et parlementaires andins avait été approuvée. REUTERS / Guadalupe Pardo

Après des heures de débat diffusées en direct, mardi, le président du Congrès José Williams a finalement prononcé une phrase attendue depuis plus d’une semaine par les manifestants favorables au président déchu : « 30 contre, 1 abstention. En conséquence, vient d’être approuvée la loi de réforme constitutionnelle qui modifie la durée de mandat de la présidente de la République, des députés et parlementaires andins. »

Le Congrès péruvien a voté l’avancement des élections générales de 2026 à avril 2024, afin de tenter d’endiguer la crise et de mettre fin aux protestations déclenchées par la destitution de l’ex-président Pedro Castillo. Pour qu’elle entre en vigueur, la réforme doit toutefois encore être validée par un nouveau vote en deuxième lecture début 2023.

Cela suffira-t-il à calmer la rue alors que la destitution le 7 décembre du président Pedro Castillo a déclenché de violentes manifestations ? La présidente Dina Boluarte resterait donc au pouvoir encore vingt mois, beaucoup plus que ce que les manifestants sont visiblement prêts à accepter.

Hernando Guerra Garcia, président de la commission constitutionnelle et des règlements du Congrès, défend le nouveau calendrier au nom du parti fujimoriste Force populaire : « Nous avons accepté la date proposée par le gouvernement car il faut offrir une porte de sortie à la crise et une petite lumière à la population. » La crise est loin d’être terminée au Pérou. (…)

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L’UE appelle le gouvernement péruvien au respect des droits humains (AFP / 20 décembre)

L’Union européenne a demandé lundi 19 décembre au nouveau gouvernement péruvien de respecter les droits humains lors des manifestations où s’affrontent des partisans du président destitué et les forces de l’ordre et qui ont fait au moins 21 morts.

Jeudi, des policiers et soldats étaient dépêchés place San-Martín, à Lima, épicentre des contestations péruviennes. (Martin Bernetti / AFP)

Le bilan est passé de 20 à 21 morts après des échauffourées en marge de manifestations à Chala, dans la région d’Arequipa (sud), ont annoncé lundi les autorités péruviennes.

« L’UE condamne tout recours à la violence et à l’usage excessif de la force », indique un communiqué de la délégation européenne au Pérou, posté sur Twitter. L’organisation se dit « très préoccupée par les informations selon lesquelles (une vingtaine, ndlr) de civils ont été tués jusqu’à présent, dont certains avec des armes à feu ». (…)

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La région rebelle d’Apurimac prête à « l’insurrection » (Patrick Fort / AFP / La Presse / 19 décembre)

(Abancay) « On ne va pas s’arrêter là. Si les élites et le Parlement ne reculent pas, on peut aller jusqu’à l’insurrection », annonce, déterminé, Juan Ochicua, paysan péruvien de 53 ans.

Photo Martin Bernetti / AGENCE FRANCE-PRESSE

Une centaine de personnes de son village indigène de Quishuara ont parcouru 80 km en camion pour bloquer brièvement et pacifiquement la route entre Abancay et Andahuaylas, deux villes de l’Apurimac (Andes Sud-est), épicentre des troubles au Pérou qui ont fait 21 morts et ébranle le pays. « La Constitution autorise la désobéissance civile et l’insurrection à un gouvernement illégal », ajoute-t-il pendant que ses compagnons scandent « Que veut le peuple ? La dissolution du Parlement ! ».

« On ne respecte pas les Autochtones au Pérou. On est maltraités économiquement. Marginalisés politiquement », ajoute-t-il.   C’est le Pérou profond et pauvre. Quelques pantalons sont déchirés. Des vestes usées aux manches ne ferment pas en raison de fermetures éclairs disparues. Certaines chaussures sont trouées. On mâche de la feuille de coca transporté dans des sacs en plastique.  

Ici à 2700 mètres d’altitude, le paysage andin avec ses montagnes arides est magnifique, mais difficile pour ces paysans vivant de la culture de la pomme de terre.  « On arrive à survivre. Dans l’Apurimac, nous avons la plus grande entreprise minière du pays (MMG chinoise) à Las Bambas (cuivre). L’argent devait être investi ici dans des infrastructures d’irrigation. Ce sont les grandes entreprises en accord avec le Parlement qui prennent les richesses du pays », s’insurge Freddy Quispe, paysan de 45 ans.

Six des 21 morts dans le pays pendant les manifestations ont été tués dans l’Apurimac, petit département de 500 000 habitants. Celles-ci ont commencé après la tentative ratée de l’ancien président Pedro Castillo le 7 décembre de dissoudre le Parlement et de gouverner par décrets.

D’origine autochtone, le président déchu, qui a été arrêté alors qu’il voulait se réfugier à l’ambassade du Mexique, est très populaire dans les régions andines où il représentait une sorte de revanche de la province indigène sur la capitale Lima et ses élites.

« On lui a tendu un piège. On l’a trompé pour qu’il déclare l’auto-coup », estime Maximo Chirinos, enseignant à Abancay, ville de 100 000 habitants à flanc de montagne et capitale administrative de l’Apurimac qui est aussi la région natale de la nouvelle présidente Dina Boluarte. Celle-ci était la vice-présidente de M. Castillo et lui a succédé au pouvoir. Elle est aujourd’hui honnie par les siens qui lui reprochent de ne pas avoir démissionné après l’arrestation du président et la rendent responsable de la répression. (…)

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Pérou : malgré des manifestations meurtrières, le gouvernement affirme que le pays est « en bonne voie » (Le Monde / AFP / 19 décembre)

La présidente, Dina Boluarte, reste au pouvoir, soutenue par plusieurs de ses ministres. Le pape François a appelé dimanche 18 décembre à la fin de violences. Quelque 200 touristes bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu en raison des manifestations ont pu être évacués samedi

Policiers et soldats dans la région d’Arequipa, dans le sud du Pérou, le 17 décembre 2022. Diego Ramos / AFP

Les autorités affirment avoir la situation en main au Pérou, où des manifestations et des affrontements ont fait au moins vingt morts et 646 blessés, depuis la destitution et l’arrestation du président Pedro Castillo, le 7 décembre. (…)

(…) La présidente, Dina Boluarte, refuse de démissionner. « Que résoudrait ma démission ? Nous allons rester ici, fermes, jusqu’à ce que le Congrès se décide à avancer les élections (…) », a-t-elle déclaré, samedi, dans un message télévisé. L’ancienne vice-présidente a appelé à reconsidérer le vote du Parlement, lequel s’était prononcé vendredi contre l’avancement des élections générales de 2026 à 2023. Une partie du Congrès pro-Castillo souhaite également que l’ex-président fasse partie d’une assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution péruvienne, ce qui ne fait pas l’unanimité. (…)

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Pérou : l’ex-président Pedro Castillo maintenu en prison, affrontements meurtriers dans le Sud (France 24 / 16 décembre)

Sept personnes ont été tuées jeudi 15 décembre à Ayacucho, dans le sud du Pérou, lors d’affrontements entre militaires et partisans du président déchu Pablo Castillo, selon les autorités sanitaires régionales. La contestation s’aggrave dans le pays alors que la Cour suprême a décidé de maintenir en prison l’ancien chef de l’État.

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Voir également ces articles réservés aux abonné.e.s :
Pérou. Le coin des morts… et la rage des invisibles (Rubén D. Romero Prieto / L’Humanité / 21 décembre)
Cecilia Méndez : « Au Pérou, le système démocratique s’est effondré » (Amanda Chaparro / Le Monde / 19 décembre
Au Pérou, premier jour d’état d’urgence national : 9 morts et un couvre-feu (Guillaume Gosalbes / Libération / 19 décembre)


Voir aussi sur notre site :
 Pérou : pourquoi cette crise politique ? (Jean-Jacques Kourliandsky / IRIS)

Pourquoi le Pérou s’embrase-t-il ? (La Question du jour / France Culture)
Crise politique au Pérou : un coup d’État parlementaire contre Pedro Castillo (une analyse de Johnatan Fuentes, Marisa Glave et Pablo Stefanoni / Viento Sur – Traduction par Contretemps)
 Crise politique au Pérou : la tension monte et la répression fait des victimes (revue de presse)
 Pérou. Crise politique : destitution du président Castillo (revue de presse et premières analyses fr.esp)
Face à la grave crise politique au Pérou, FAL solidaire du peuple péruvien (Communiqué)