🇦🇷 Argentine : turbulences attendues à une semaine de l’investiture de Javier Milei (Anaïs Dubois / Les Échos)


Deux semaines après son élection, Javier Milei, qui présidera l’Argentine à partir du 10 décembre, a répondu à plusieurs interviews et réalisé un aller-retour express aux États-Unis. Il peaufine la composition de son futur gouvernement dans un équilibre délicat entre fidélité à sa campagne et gouvernance.

Le nouveau président argentin Javier Milei en discussion au Congrès à Buenos Aires. (Reuters)

Comme les passagers d’un vol transatlantique, les Argentins guettent le moindre signal annonçant l’imminence d’une forte zone de turbulences, inévitable. Depuis le 19 novembre, jour de l’élection sans appel du candidat libertarien Javier Milei à la présidence de l’Argentine avec 56 % des voix, les yeux sont rivés sur la composition de son futur gouvernement, dont les noms tombent au compte-gouttes, chacun y cherchant le moindre indice sur l’orientation que prendra son mandat.

Une seule certitude, le plan « tronçonneuse » sur les dépenses publiques, annoncé pendant la campagne, est toujours d’actualité. Le futur président a prévenu lors d’une interview, le 21 novembre dernier : « Les six prochains mois vont être très durs. » Javier Milei le répète à qui veut l’entendre depuis son élection : « Il n’y a pas d’argent. »

Il envisage une réduction du déficit budgétaire équivalent à 5 % du PIB. Dans les derniers jours, il a averti que le pays devrait passer par une période de récession et de forte inflation combinées. Un scénario qualifié dans la foulée de « catastrophe sociale » par l’ex-présidente et vice-présidente sortante Cristina Kirchner.

Sur le plan international, Javier Milei a déjà fait un court déplacement, le 27 novembre, aux États-Unis, où des membres de sa délégation ont pu rencontrer les équipes du Fonds monétaire international et où il a réaffirmé son alignement avec les États-Unis, Israël et l’Occident. Par ailleurs, sa future ministre des Affaires étrangères, Diana Mondino, a annoncé que l’Argentine n’allait pas intégrer les BRICS, comme cela était prévu pour 2024.

Petit à petit, dans un contexte où le libertarien doit trouver l’équilibre entre tenir le cap de sa campagne anti « caste politique », qui lui a assuré le soutien populaire, et l’exigence de créer des alliances au-delà de son camp politique, minoritaire dans les deux chambres, le brouillard se lève sans vraiment éclaircir l’horizon.

Confirmé officiellement jeudi dernier, c’est Luis Caputo, qui l’a accompagné lors de son déplacement à New York et Washington, qui prendra les rênes du ministère de l’Économie. Sa nomination fait s’éloigner le spectre d’une dollarisation immédiate de l’économie, le financier de 58 ans s’étant montré sceptique sur l’adoption du billet vert à court terme.

Luis Caputo, qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur privé, a été ministre des Finances puis président éphémère de la Banque centrale pendant le gouvernement de Mauricio Macri (2015-2019). La candidate Patricia Bullrich, arrivée troisième lors du premier tour, sera quant à elle ministre de la Sécurité, poste qu’elle avait déjà occupé au sein du même gouvernement.

Ces choix de personnalités issues de la droite traditionnelle à des postes clés ne font pas l’unanimité auprès des électeurs de Milei. Conscient qu’il aura besoin de leur soutien pour faire passer ses réformes, le futur président a limité à deux portefeuilles l’ouverture de son gouvernement aux autres forces politiques. (…)

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Pour rappel, voir aussi :
Milei ou le « tronçonneur » de l’État : voyage au bout du néolibéralisme autoritaire (Vincent Arpoulet / Le Temps des Ruptures)
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Élection de Javier Milei en Argentine : quelques points de vue
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Victoire du libertarien Javier Milei à l’élection présidentielle en Argentine : premières analyses (fr.esp.)
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