🇬🇹 Vague de manifestations au Guatemala en soutien au président élu Bernardo Arévalo (revue de presse)


Depuis début octobre, le pays est secoué par de fortes protestations. Les manifestants réclament la démission du chef de la police Consuelo Porras et de plusieurs autres fonctionnaires lancés dans une croisade électorale contre le président élu en août dernier Bernardo Arévalo.

Une route bloquée par des manifestants à San Cristóbal Totonicapán, au Guatemala, le 4 octobre 2023.  AFP – Gustavo Rodas

Voir aussi : « L’Europe et la France doivent faire pression sur le gouvernement sortant du Guatemala afin qu’il respecte l’expression de la volonté populaire » (Tribune collective)


Une vague de manifestations au Guatemala pour exiger la fin de la «persécution» du président élu (Le Temps / AFP)

Pour la quatrième journée consécutive, des manifestants ont bloqué une trentaine de routes du Guatemala, jeudi 5 octobre, pour exiger la fin de la persécution électorale visant selon eux à empêcher le président élu Bernardo Arévalo de prendre ses fonctions en janvier prochain. Ces actions interviennent après une nouvelle perquisition vendredi et samedi au siège du Tribunal suprême électoral (TSE) lors de laquelle les registres électoraux du scrutin présidentiel du 20 août ont été saisis. L’opération a été vivement critiquée par la communauté internationale.

À San Cristóbal Totonicapán, le 4 octobre, la plupart des manifestants étaient indigènes. AFP – Gustavo Rodas

Les manifestants, dont la plupart sont des indigènes, bloquent des tronçons de routes stratégiques, comme celles qui mènent aux frontières du Mexique, du Salvador et du Honduras, à l’aide de véhicules et de branches d’arbres. Leur nombre a atteint plus d’un millier dans certains endroits. Jusqu’à présent, les manifestations se déroulaient principalement dans l’ouest du pays, mais jeudi, des indigènes de Quiché (nord) et d’Escuintla (sud) s’y sont joints. Le nombre de tronçons routiers bloqués est passé de 20 à 33 jeudi, selon la direction générale de la sécurité routière.

De retour de Washington, où il a dénoncé «un coup d’Etat au ralenti», Bernardo Arévalo a rencontré jeudi des militants d’organisations civiles. «C’est l’occasion de souligner l’appel à l’unité nationale autour d’une manifestation pacifique pour rejeter les tentatives de violation du processus électoral et constitutionnel», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

«Un coup d’État» dénoncé

Brandissant des drapeaux nationaux, bleus et blancs, les manifestants ont scandé des slogans et brandi des pancartes exigeant la démission de la procureure générale Consuelo Porras, du procureur Rafael Curruchiche et du juge Fredy Orellana, tous trois à l’origine d’une croisade contre le parti Semilla du vainqueur de la présidentielle. (…)

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Au Guatemala, un «coup d’État au ralenti» fomenté par les évangéliques (Eduardo Campos Lima / Le temps)

La tension monte dans le pays autour de l’investiture en janvier du président élu Bernardo Arévalo. Alors qu’une partie de l’élite et des évangéliques s’y oppose par tous les moyens, il est défendu par de nombreux Guatémaltèques, notamment indigènes.

Le président du Guatemala, Bernardo Arévalo. — © Pilar Olivares / Reuters

La victoire du social-démocrate Bernardo Arévalo à l’élection présidentielle du 20 août avait été accueillie comme une petite révolution au Guatemala, un pays gouverné par les conservateurs depuis quarante ans. Fils de l’ancien président Juan José Arévalo – le premier élu démocratiquement après la révolution de 1944 qui a gouverné la nation centraméricaine entre 1945 et 1951 –, Bernardo Arévalo a fait campagne avec la promesse de lutter contre la corruption et de développer l’économie.

Or, plus d’un mois après les élections, certains semblent toujours peu disposés à lui céder le pouvoir. Son parti et l’autorité électorale sont devenus les cibles de quelques procureurs, au point que Bernardo Arévalo a dénoncé à plusieurs reprises une tentative de coup d’Etat. Les Guatémaltèques qui le soutiennent, ou qui sont attachés à la démocratie, se mobilisent fortement. Jeudi, des manifestants, pour la plupart indigènes, ont bloqué pour la quatrième journée consécutive une trentaine de routes stratégiques menant aux frontières du Mexique, du Salvador et du Honduras. De son côté, Bernardo Arévalo était de retour de Washington où il avait dénoncé «un coup d’Etat au ralenti». Le risque qu’il soit empêché d’accéder à la présidence est bien réel, selon les analystes.

Un agenda «immoral»

Les évangéliques sont en première ligne de la contestation contre le président élu, notamment ceux qui sont liés aux méga-Élises du pays. Ils ont du poids: aujourd’hui, 43% des Guatémaltèques sont évangéliques et 41% catholiques, selon un récent sondage Gallup.

«Avant le premier tour, de nombreuses Églises soutenaient ouvertement la candidate du centre droit Sandra Torres», qui s’est prononcée contre l’avortement et le mariage homosexuel au cours de la campagne, explique l’anthropologue guatémaltèque Claudia Dary, spécialiste du rapport au religieux. 

 «Les pasteurs ne s’attendaient cependant pas à ce que les citoyens partagent les vidéos de leurs sermons politisés sur les réseaux sociaux», relève-t-elle. Le mélange des genres entre prédication religieuse et campagne électorale est interdit par la loi au Guatemala. Or, en six mois, une plateforme destinée aux doléances envers des dirigeants religieux qui feraient campagne au prêchoir a reçu des centaines de plaintes. «Les méga-Églises se sont fortement impliquées dans la promotion de certains candidats. Elles ont aussi fait circuler de fausses informations contre Bernardo Arévalo sur les thèmes de l’idéologie du genre et de l’avortement», explique Jennyfer Aquino, directrice de cette plateforme. De nombreux évangéliques perçoivent Bernardo Arévalo comme le défenseur de causes immorales, bien que ce progressiste n’ait pas défendu la décriminalisation de l’avortement durant sa campagne. (…)

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Pour rappel, voir :
Crise politique au Guatemala : Arévalo dénonce un « coup d’État en cours » et appelle à la résistance (Luis Reygada / L’Humanité) (9 septembre)
Au Guatemala, la disqualification du parti du président élu Arévalo suspendue temporairement par la justice (Le Monde) (5 septembre)
– Guatemala : un espoir de changement ? (Bernard Duterme / CETRI) (26 juillet)
– Guatemala : un «entre-deux tours» judiciarisé (revue de presse) (24 juillet)
– L’intégrité du processus électoral au Guatemala mise à mal par une judiciarisation excessive (Communiqué collectif) (22 juillet)
– Au Guatemala, la disqualification à la présidentielle du parti d’Arevalo suspendue (France 24) (16 juillet)
– Élections au Guatemala (communiqué commun / Collectif Guatemala – FAL) (11 juillet)
– Présidentielle au Guatemala: le recomptage des voix du premier tour confirme la qualification de la gauche (RFI) (8 juillet)
– Élections au Guatemala : résultat qui crée la surprise et suspension de la proclamation (revue de presse) (29 juin)
– Guatemala: des candidats empêchés de se présenter à l’élection présidentielle du 25 juin (RFI / Le Monde -AFP)
 (26 mai)