🇦🇷 Vers le premier tour de la présidentielle et des législatives en Argentine (revue de presse)


Il ne reste plus que quelques jours de campagne électorale avant le scrutin du 22 octobre 2023. Javier Milei, candidat anti-système et ultra-libéral, est toujours donné largement en tête dans les sondages et il espère même être élu dès le premier tour. Le candidat populiste est crédité de 35% des intentions de vote et en théorie, son rêve peut devenir réalité dès dimanche (22 octobre 2023) car le système argentin permet à un candidat d’être élu s’il obtient plus de 40% des voix avec au moins 10 points d’avance sur le concurrent suivant. Revue de presse.

Argentine : les électeurs appelés aux urnes le 22 octobre (reportage de France 24)

Les Argentins sont appelés aux urnes le 22 octobre pour des élections législatives et présidentielle. Le président sortant, Alberto Fernandez (centre-gauche), n’est pas candidat à sa réélection. Son mandat prendra fin le 10 décembre. Ces élections interviennent après les primaires du 13 août qui ont permis de présélectionner les candidats qui seront en lice dimanche prochain.


Javier Milei, le « Trump de la pampa» est le favori des élections en Argentine (Le Parisien)

Anarcho capitaliste, favorable à la vente d’organes, anti-IVG : Javier Milei détonne dans le paysage politique argentin. Depuis ses débuts, le « Trump de la Pampa » se revendique « hors système ». Il est élu député en 2021, sous l’étiquette du Parti libertarien. Son souhait le plus cher : « décapiter l’État à la tronçonneuse ». Le candidat d’extrême droite, en tête des sondages pourrait remporter l’élection présidentielle en Argentine, dès le premier tour le 22 octobre prochain.

Reportage du Parisien

Présidentielle en Argentine : Javier Milei, le candidat qui menace le droit des femmes (Terriennes / Paola Martinez Infante / TV5 Monde)

Javier Milei va-t-il raboter à la tronçonneuse les droits des Argentines ? C’est en tout cas ce que promet le candidat d’extrême droite populiste libertarien, grand favori des sondages. S’il est élu président, le droit à l’avortement, et plus largement les droits des femmes, de la communauté LGBT, tout comme l’éducation sexuelle à l’école, sont directement menacés.

Javier Milei, candidat de l’ultra-droite argentine à la présidentielle du 22 octobre, va-t-il “tronçonner” les droits des femmes, comme il veut le faire avec les services publics dans son plan “tronçonneuse” ? Fermement opposé à l’IVG, il se dit prêt à revenir sur la loi qui légalise l’avortement en Argentine depuis 2020. (Ici durant la campagne à Rio Plata, le 12 septembre 2023). ©AP Photo/Natacha Pisarenko

“Ce n’est pas un droit acquis”. À 52 ans, Javier Milei affiche la couleur, et celle-ci ne présente aucune nuance de vert. S’il arrive au pouvoir, le candidat de l’ultradroite à la présidentielle argentine a l’intention d’interdire à nouveau l’IVG. Il a déclaré qu’il “organiserait un plébiscite” et que, si le non à l’avortement l’emportait, alors il “supprimerait la loi”.

Ses intentions ont ravivé le débat autour du droit à l’avortement, suscitant l’inquiétude des mouvements féministes qui, après des années de lutte acharnée, ont obtenu ce droit lors d’un vote historique en décembre 2020. Une victoire qui représente une avancée significative pour les droits des femmes sur le continent latino-américain et a fait de la “vague verte” le symbole du mouvement pro-choix en Argentine. Aujourd’hui, la bataille risque de reprendre en raison des déclarations de cet homme politique sulfureux, sorti grand favori des élections primaires du 13 août dernier.

Un discours radical et sans filtre

Javier Milei parle sans filtre. Ses multiples dérapages sur les réseaux sociaux et les plateaux télés sont sa marque de fabrique.

Connu pour ses positions politiques radicales et sa réthorique provocatrice, il s’est exprimé sur le droit des femmes à avorter. “Lorsqu’on part d’un principe moral erroné, le résultat est immonde – comment peut-on considérer comme un droit acquis le fait de pouvoir tuer d’autres êtres humains ?.. En tant que libéral, je crois au droit illimité à la vie d’autrui, fondé sur la défense de la vie, de la liberté et de la propriété. Je défends la vie qui commence dès la conception”, ajoute-t-il.

Lors d’une interview télévisée, le 15 août dernier, deux jours après avoir gagné les primaires face à un présentateur visiblement conquis par le candidat affirmant lui-même que : “l’avortement est un meurtre aggravé, où il y a une énorme disparité de forces parce qu’une personne abuse de l’autre”, Javier Milei n’hésite pas à disqualifier le vote du Congrès argentin, un texte qui, selon lui, ” n’a pas été voté de manière équitable en raison de la faible qualité morale des hommes politiques argentins”.

Le candidat s’appuie sur une vision morale et religieuse qui fait résonance dans des secteurs très conservateurs de la société argentine, qui le considèrent comme un leader d’opinion susceptible d’influencer l’agenda politique à l’avenir, perspective qui fait grincer les dents.

La candidate à la présidence du Front d’unité de gauche (FIT-U), Myriam Bregman, a appelé les femmes à “se réveiller et à redescendre dans la rue” car “il y a trop d’atteintes, d’attaques et de réactions patriarcales pour que nous restions silencieuses”.

Aujourd’hui candidat à la présidentielle, crédité de 33 à 35% des intentions de vote, il cristallise le débat à coups de phrases choc. “Dans mon gouvernement, il n’y aura pas de marxisme culturel. Et le ministère de la Femme, je l’éliminerai. Je ne m’excuserai pas d’avoir un pénis. Je n’ai pas à avoir honte d’être un homme blanc, blond, aux yeux bleu clair”, a-t-il déclaré lors d’une présentation au salon du livre en mai 2022.

Ses affirmations retentissent fortement dans l’opinion publique et le soutien à Milei ne peut se comprendre sans la crise économique, car le candidat capitalise avec son histrionisme un vote de colère, de rejet et d’indignation, un ras-le-bol généralisé dans une société accablée. Cependant, les sonnettes d’alarme ne cessent de se déclencher pour mettre en garde les Argentins contre ces déclarations polémiques qui séduisent particulièrement un public jeune. (…)

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Inflation, peso, dette : voici les enjeux de l’élection présidentielle troublée en Argentine (Géo / AFP)

Alors que l’élection présidentielle argentine arrive à grand pas, la troisième économie d’Amérique latine est embourbée dans une conjoncture économique extrêmement fragile.

Débat présidentiel (Université de Buenos Aires). © AFP

En Argentine, troisième économie d’Amérique latine riche en matières premières mais engluée dans une inflation chronique, un endettement pesant et une devise friable, le besoin de réformes fait consensus à la veille du premier tour de la présidentielle.

Mais l’amertume de la potion diffère selon les candidats à l’élection de dimanche, où l’ultralibéral “anti-système” Javier Milei est le favori des sondages, devant le ministre de l’Economie Sergio Massa, candidat gouvernemental (centre gauche), et la candidate du bloc d’opposition (centre droit) Patricia Bullrich.

Voici les migraines du futur président :

Une inflation qui bat des records

L’inflation a atteint 12,7% en septembre, record mensuel en 32 ans, et 138% en interannuel. Indices vertigineux, parmi les plus élevés au monde, que les Argentins, au pouvoir d’achat rogné, mesurent sur les étiquettes d’un mois, voire d’une semaine, sur l’autre.

“Ca fait peur de faire les courses, du cabas à roulettes, je suis passée à un sac, et à présent d’une seule main j’arrive à tenir tout”, se désole à l’AFP Lidia Pernilli, 73 ans, qui a décidé d’acheter deux bananes, au lieu d’un kilo, passé en un mois de 450 à 1000 pesos (environ un dollar). Elle héberge chez elle depuis un mois sa fille, son gendre et leurs enfants qui ne pouvaient plus payer leur loyer.

Multicausale, entre déficits budgétaires, émission monétaire, dévaluations répercutées sur les prix, chocs externes, l’inflation argentine est surtout devenue “inertielle” selon Ricardo Aronskind, économiste à l’Université de Buenos Aires. C’est-à-dire que les acteurs économiques, habitués à une inflation à deux chiffres depuis une douzaine d’années, anticipent systématiquement sur l’inflation à venir. Contribuant d’autant au phénomène.

Le peso en chute libre

À la fois victime et coupable, le peso est en dépréciation constante par rapport au dollar, reflet d’une défiance des marchés et des Argentins eux-mêmes envers leur devise nationale. En un an, il est passé de 151 à 365 pesos pour un dollar au taux officiel, et de 290 à 1.000 pesos au change parallèle, celui de la rue, dans lequel pensent et comptent les Argentins, soumis à un contrôle des changes.

Ce fossé entre change officiel et parallèle “est une des plus grandes sources de distorsion de l’économie, car il stimule l’évasion fiscale, la sous-déclaration des exportations, la fuite des capitaux”, diagnostique le Celag, le Centre stratégique latino-américain de géopolitique.

Et immanquablement avant chaque élection, l’incertitude accroît la pression sur le peso. (…)

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Pour aller plus loin, consulter ces articles réservés aux abonné.es :
Élections en Argentine : le péril Milei (dossier Mediapart)
En Argentine, une élection présidentielle marquée par la tentation du populisme (Flora Genoux / Le Monde)
Le populiste Javier Milei, candidat à la présidentielle en Argentine, capte « le vote de la colère » à Salta (Angeline Montoya / Le Monde)


Pour rappel, voir également :
En Argentine, la “dolarización” de l’économie au cœur de la campagne présidentielle (David Gormenazo / France 24)
Argentine: les femmes dans la rue, le candidat anti-avortement Milei dans le viseur (TV5 Monde / Mediapart)
Javier Milei en dix phrases choc : le paléolibertarien qui veut prendre l’Argentine / Javier Milei en diez frases: el paleolibertario que quiere tomar Argentina (Pablo Stefanoni / Le Grand Continent / fr.esp)
Argentine: à un mois de l’élection présidentielle, Javier Milei en roue libre (Théo Conscience / RFI)
Argentine, année zéro ? (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces Latinos)
Argentine : comment expliquer l’ascension du libertarianisme d’extrême droite ? (Mariano Schuster et Pablo Stefanoni – Nueva Sociedad / Traduction par Robert March – Contretemps)
Argentine : Javier Milei, candidat conservateur et ultralibéral, gagne la primaire (premières analyses et revue de presse fr.esp.)